Sake a écrit:Quelle est donc cette "intelligence adulte" dont tu me parles ? Est-ce un point de vue pragmatique sur les choses ? Est-ce une conceptualisation (trop) poussée ?
Le stade des opérations formelles dans le modèle de Piaget.
C'est vrai, mais est-ce que s'en sortir dans une matière plutôt que dans une autre revient à vouloir faire de cette matière sa vocation future ? Certains individus, frustrés par leurs résultats scolaires dans certains domaines, regrettent par la suite de ne pas avoir insisté et forcé le destin pour faire d'autres études qu'ils jugent a posteriori plus intéressantes !
En général les élèves aiment les matières dans lesquelles ils sont bons et n'aiment pas les matières dans lesquelles ils ont des mauvaises notes. Quant à ce qu'ils en penseront bien plus tard... tout est possible.
J'ai toujours pensé le contraire, vois-tu. Etant fraîchement débarqué de l'enseignement secondaire, je trouve que la série S est une filière fourre-tout, où les connaissances que l'on nous enseigne sont vagues et tiennent de plus en plus de l'anecdote : J'accuse l'EN de faire des élèves de futurs citoyens qui savent beaucoup de choses mais qui les savent de manière approximative.
Il y a surtout une grande hypocrisie, qui ne se limite pas à l'école. On attend des scientifiques d'être presque aussi bons en français que des littéraires, alors que les littéraires peuvent avoir un niveau CM2 en maths et en sciences sans que ça ne pose aucun problème à personne.
J'ai donc mal lu, excuse-moi. Et je te rejoins donc sur ce point, car certains parents ont de folles ambitions pour leurs enfants, des ambitions et des projets qui vont à contre-courant de ce que ces derniers veulent.
En primaire, les élèves qui n'ont pas le profil pour apprendre malgré l'école sont des enfants qui ne veulent rien parce qu'ils n'ont même pas compris qu'ils pouvaient vouloir. Ils se contentent de faire confiance aveuglément à des adultes qui imposent des chemins d'apprentissage impossibles à emprunter pour un enfant.
Ce que je remarque cependant, c'est la tendance inverse. Plutôt que de faire de leurs petites têtes blondes des machines de calcul, en les poussant avec zèle à constamment se surpasser, ils se montrent laxistes et irresponsables. Il y en a toujours un pour se plaindre que son enfant a trop de travail le soir, que ses résultats sont trop bas et que l'école est trop dure. On pourrait penser que ces cas sont marginaux si la tendance n'accompagnait pas ce constat : Le niveau des élèves en calcul et en raisonnement est à la baisse, et les industriels sont les premiers à s'en inquiéter d'après l'UPS. C'est à la fois le niveau du cursus secondaire qui diminue et celui de l'enseignement supérieur, chacun entraînant l'autre dans sa dérive. On nivelle vers le bas pour uniformiser - mais hélas, je dirais "médiocriser" - toute une génération, plutôt que de la tirer vers le haut.
Je ne suis pas sûr que le nivellement par le bas tienne à des choix pour une génération, même s'il y a une tendance à confondre "s'occuper de tous" et "ne s'occuper que des derniers". Je pense plutôt que c'est une erreur pédagogique qui le produit. On baisse le niveau en pensant que comme ça les derniers "suivront", ça part d'un bon sentiment. Mais les processus d'apprentissage n'ont rien à voir avec le verbe "suivre". En faisant "du facile", on permet la réussite des taches par une forme d'intuition différente des intuitions qui amorcent les apprentissages conceptuels.
Ca, je n'en suis pas sûr. Je suis d'origine très modeste, mais mes parents ont toujours eu pour philosophie qu'il faille rebondir sur ses échecs. J'ai subi des revers, qu'ils soient scolaires ou personnels. Récemment, j'ai dû encaisser un coup dur pour mes études, mais la profession et le statut social de mes parents n'ont jamais influencé mon propre développement intellectuel.
Il y a aussi la volonté. Le niveau culturel n'est pas toujours lié au niveau économique. Si on veut bien faire, tout le monde peut bien faire. Après, il y a les statistiques...