Bonjour,
La question manque de précision. Vous parlez d'une loi de composition interne "+", donc par hypothèse c'est une loi de composition interne "quelconque" définie sur un ensemble "quelconque". Le fait de l'appeler "+" fait un parallèle implicite avec l'addition dans les ensembles de nombres, et par suite cette loi est commutative, associative, admet un neutre et tout élément admet un symétrique, ceci soit dans l'ensemble E soit dans une construction d'un sur-ensemble (de la même façon qu'on construit
à partir de
, par classes d'équivalence).
Admettons donc que ce sur-ensemble soit E, chaque élément admet un symétrique, et ce symétrique est unique (c'est une démonstration dans la théorie des groupes). Notons 0 l'élément neutre et pour
un élément, notons
ce symétrique, on a donc
.
Supposons qu'il existe un élément absorbant que je vais appeler
. Alors pour tout
,
, en particulier
or on sait par définition de l'élément neutre que
: cela montre que si a est absorbant, alors
.
Mais alors a+x=0 devient :
et comme
cela montre que
et finalement cela montre que E est un singleton.
Donc oui la loi additive peut avoir un élément absorbant, dans le seul cas où l'ensemble est réduit à un singleton (et dans ce cas toute LCI sur un tel ensemble est exactement égale à cette loi additive).Si maintenant la question est "dans les ensembles de nombres, comment montrer que l'addition n'a pas d'élément absorbant", il faut alors repartir de la définition axiomatique des entiers naturels puis de l'addition.
Pour faire cours : il y a deux façons de définir
, les axiomes de Peano ou les axiomes de l'ordre (une troisième façon avec la théorie ZFC et l'axiome de l'infini, mais passons). Les axiomes de l'ordre disent "il existe un ensemble non vide bien ordonné non majoré, dont toute partie non vide majorée admet un plus grand élément" (l'aspect "bien ordonné" indiquant que toute partie non vide admet un plus petit élément).
A partir de cette définition, on peut d'une part démontrer le théorème de récurrence (avec Peano, c'est ce théorème qui est un axiome et qui permet de démontrer l'aspect bien ordonné), d'autre part définir l'addition comme suit : pour tout entier p, on définit par récurrence
où on désigne par n^{++} l'entier successeur (le plus petit des entiers strictement supérieur à n).
On démontre alors par récurrence que l'addition est commutative, associative et qu'elle admet un élément neutre.
Il est alors facile de voir qu'il n'y a pas d'élément absorbant puisque est toujours supérieur à n, strictement si p n'est pas nul.
Il n'y a que 10 types de personne au monde : ceux qui comprennent le binaire et ceux qui ne le comprennent pas.