Matheux philosophe a écrit:Pour ma part, je sais ce que c'est que de connaître de nombreux écueils sur des travaux difficiles (...), et de se faire huer, mais c'est un des prix à payer, surtout si on est seul, qu'on a pas un excellent niveau, qu'on n'est pas assisté ou soutenu par une équipe de professionnel d'excellent niveau et qu'on ne peut donc pas se rendre plus discret.
Qu'est-ce que tu sous-entends par "se rendre plus discret" ? Qu'est-ce que la "discrétion" vient faire là-dedans ? En quoi est-ce qu'être "plus discret" aiderait à mieux faire accepter ses idées ? Je ne vois pas en quoi la discrétion pourrait
suppléer la rigueur, en tout cas pas dans les maths que je pratique. Et j'irai même plus loin, j'espère que tu ne parles pas d'une discrétion qui servirait à
dissimuler un manque de rigueur : à ce niveau il s'agirait de malhonnêteté scientifique.
La rigueur, la rigueur, la rigueur, un point c'est tout. Tu n'auras aucun mal à faire accepter un raisonnement à n'importe qui du moment qu'il est rigoureux. La rigueur suffit à convaincre ;
quant à la clarté, ce n'est ni nécessaire ni suffisant, mais en tout cas ça aide.
La vérité mathématique n'est pas détenue par moi, par vous individuellement, mais par nous tous. N'importe quel argument, formulé par n'importe qui, est vrai du moment qu'il est rigoureux : c'est beau non ? Ca veut dire aussi que n'importe qui d'assez rigoureux peut détruire l'argument de n'importe qui si ce dernier n'est pas rigoureux : c'est la jungle mais c'est comme ça que ça marche. Alors on peut jouer les Cassandre, s'enfermer dans sa propre vérité et en vouloir au monde entier ou bien jouer le jeu de la rigueur. Ce qui demande (mais encore faut-il l'admettre) du travail, de la patience et parfois un peu de génie, comme en ont eu ceux qui ont bossé pendant trois siècles et demi sur la conjecture de Fermat jusqu'à Wiles (ce qui me permet d'ajouter "une certaine dose d'humilité" par dessus-le marché).