Les oeuvres...

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celge
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les oeuvres...

par celge » 14 Aoû 2005, 18:34

bonjour à vous tous, chers amis des mathématiques !
je viens de finir la lecture des 4 oeuvres (en comptant les 2 de sénéque) imposées aux futurs préparationnaires, et j'aimerais savoir ce que vous en avez pensé...
Personnellement, j'ai trouvé que le théme de la recherche du bonheur était très présent dans ces ouvrages mais sous différentes formes. Sinon, je pense que chacun de ces livres sont interessants, mais ils nous assoment de quelques longueurs parfois. Enfin, je m'étendrais peut etre plus sur ce que je pense de ces livres une fois que la discussion sera lancée...



Alpha
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par Alpha » 14 Aoû 2005, 18:53

Salut, Celge,

personnellement, je n'ai pas encore lu Le Chercheur d'Or (je laisse le plus volumineux pour la fin, je le lirai dans les 3 jours précedents la rentrée, vu que j'ai décidé de ne rien faire d'autre pendant ces 3 jours là), mais j'ai lu les oeuvres de Sénèque et Tchekhov.

Sénèque, dont je sais que c'est un penseur et un stoïcien intéressant pour l'avoir étudié en latin au lycée, m'a grandement fatigué dans la première partie, ne faisant que répéter des lapalissades, des truismes, des choses banales, d'une part, et cherchant à se défendre d'autre part. Je lui reproche aussi d'ériger la vertu comme le bien suprême, mais de ne jamais définir ce que c'est, et de définir ce que nous devons être et ce que nous devons faire de manière négative : il dit surtout ce qu'il ne faut pas être ou ne pas faire.

En revanche, La Briéveté de la vie, même si je n'ai pas le sentiment que cette partie m'a apporté de grandes révélations, m'a beaucoup plus intéressé, et je la trouve beaucoup plus constructive que la première partie.

J'ai beaucoup aimé Oncle Vania, que je viens de finir à l'instant : ce livre soulève beaucoup de questions qui s'articulent parfaitement bien autour du thème de la recherche du bonheur. Je trouve cette pièce assez captivante, quoi que je regrette qu'elle ne soit pas un peu plus longue.

En revanche, je tiens à critiquer très sévèrement les responsables de l'édition du livre Le chercheur d'or (chez folio). Je n'ai pas encore lu ce livre, qui est sûrement très intéressant, mais pourquoi diable l'avoir écrit en caractères si petits? Pour qu'on soit obligé de courir chez l'opticien juste après sa lecture? :hum:



:happy3:

celge
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en effet

par celge » 14 Aoû 2005, 19:35

En ce qui concerne "la vie heureuse" de Sénéque, je suis tout à fait de l'avis d'alpha. La première partie de l'oeuvre tourne autour d'une doctrine qui pourrait se résumer en deux pages,ce qui implique donc que ce brave Sénéque se répéte à plusieurs reprises dans cette partie, sans aller au fond des choses. Personnellement, j'ai pris soin de noter ce qui me paraissait interessant dans les differents ouvrages. Lorsque je relis mes notes, je me rends compte que, pour ce qui est de "la vie heureuse", j'aurais pu stopper ma lecture dès la 5° page de l'oeuvre. Pour ce qui est de la seconde partie de "la vie heureuse", c'est, à mon sens, une longue justification de Sénéque sur la vie qu'il mène, et pourrait étre renommée "de hypocrisis". (facile à comprendre, même pour ceux qui n'ont jamais fait de Latin.
Ensuite, il est vrai que "la brièveté de la vie" est autrement plus complet et interessant. (même si celà ne va pas changer ma manière de vivre)
Je tiens à souligner que, à contrario de nombreux penseurs et philosophes illustres, Sénéque est parfaitement lisible et compréhensible.

Je passe à Tchékhov. Avec "oncle vania", il signe un bel ouvrage, que je ne connaissais pas, dans la lignée de "la mouette" (dont je conseille vivement la lecture à tous ceux qui ont aimé lire oncle vania);
Tchekhov signe un remarquable ouvrage où la morale cotoie le suspens, même si je trouve que l'ensemble manque un peu de vigueur et que le microcosme dans lequel se déroule la piece est par moment "étouffant" (effet sans doute voulu par tchekhov d'ailleur). Au final, on retrouve parfaitement le thème de la recherche du bonheur, et nous avons passé un bon moment en compagnie des personnages plus ou moins sympathiques.

Pour ce qui est du "chercheur d'or", il est vrai que le texte est écrit dans de petits caractères, mais ce n'est rien en comparaison de certains livres. (ex: "les raisins de la colère" en livre de poche, edition 1968...ou encore les livres de la collection La Pléiade)
Enfin, ce n'est pas le plus important, et ce n'est pas celà qui change le contenu de l'ouvrage.
J'avoue avoir été un peu déçu par ce livre, qui, pourtant, s'annoçait palpitant (à la lecture du petit résumé au dos).
Même si la recherche du bonheur est omniprésente, Le Clézio nous gratifie de nombreuses longueurs, de descriptions un peu longues et répétitives, quoique de qualité. De plus, j'avoue avoir peu accroché aux aventures du héro.
Au final, c'est un bon livre, mais trop long...(trop long par rapport à l'action )

Wemi
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mon avis

par Wemi » 15 Aoû 2005, 09:41

Je suis aussi un peu déçu par La Vie heureuse. C'est assez simpliste et beaucoup trop répétitif. Si l'on résume vraiment, il nous dit qu'être heureux, c'est être vertueux et c'est tout. Il explique aussi comment être vertueux: mépriser les plaisirs, les richesses... Je n'ai pas vraiment appris beaucoup en lisant cette oeuvre.
Aussi, je voulais vous parler d'un argument qui m'a surpris. A la fin de l'ouvrage, il évoque une critique faîte aux philosophes et il répond à cette critique:
La critique: Les philosophes vivent dans le luxe, sont riches alors qu'ils prônent le contraire: la vertu.
Arguments de Sénèque: -Cela est vrai mais les philosophes sont les seuls capables de vivre dans ce luxe sans en dépendre. S'il disparaît, il ne leur manquera pas. -Il ajoute que la nature donne les richesses à ceux qui seront en faire bonne usage. -Aussi, d'après lui, pour être vertueux, il vaut mieux être riche car la pauvreté donne accès à une unique vertu, celle de ne pas fléchir tandis que la richesse ouvre la porte de la tempérance, de la frugalité..

Que pensez-vous de la réponse de Sénèque?

La Briéveté de la vie est une oeuvre où le raisonnement est beaucoup plus rigoureux même si il n'y a pas de grande révélation.
Ce que je trouve étrange, c'est que, d'après Sénèque, il faut garder son temps pour soi et ne pas l'accorder pour d'autres. Par exemple, défendre quelqu'un à procès, c'est perdre un temps qui nous est précieux. Son temps, il faut le consacrer à des loisirs bien particuliers: la science, le philosophie, l'histoire. De cette manière, on revit le passé, on anticipe le futur tout en vivant dans le présent.
C'est vrai qu'il peut être agréable d'occuper son temps à de tels loisirs mais je trouve que sa position est un peu trop égoïste. Qu'en pensez-vous? Comprenez-vous l'oeuvre d'une autre manière?

Le Chercheur d'or est un livre particulièrement bien écrit. Je le trouve cependant beaucoup trop descriptif et je déplore un manque d'actions.

Finalement, j'ai aussi lu Oncle Vania, mais je ne pense pas avoir saisi toute la richesse de l'oeuvre. Je dois donc le relire. Je ne peux donc pas vraiment en parler pour le moment.

celge
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hé hé

par celge » 15 Aoû 2005, 11:02

Donc, pour le moment, Sénéque nous apparait comme hypocrite et égoiste.... :ptdr: Quelqu'un pour sauver Sénéque ?

lasaid
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par lasaid » 15 Aoû 2005, 11:46

moi personellement je trouve que sénéque est de ceux qui ont eu cette capacité de voir les choses comme il faut les voir .tout en lisant je prend conscience de la médiocricité de mon esprit qui a cru avoir du bonheur alors que je n'ai rien .j'étais été trés touché et j'ai changé mais pas complétement ma vision pour la vie heureuse.

Alpha
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par Alpha » 15 Aoû 2005, 12:00

Je pense que la position de Sénèque est stupide et égoïste :

Comment la société pourrait-elle fonctionner si chacun restait dans son coin à ne faire travailler son esprit que sur des choses abstraites, et à ne jamais participer à la vie de la société, à ne jamais travailler?

Les choses vont se faire toutes seules? Les blés vont se faucher eux-mêmes, le moulin va tourner tout seul, la farine va arriver dans l'assiette, elle va se mélanger toute seule, comme une grande, à divers ingrédients, et hop, il aura son pain, notre cher Sénèque?

Quel est l'intérêt de réfléchir à l'histoire, au passé, aux lois, à la justice, si c'est pour que toutes ces réflexions ne dépassent pas l'esprit de chacun, pour trouver un effet dans le monde réel, ne serait-ce qu'à petite échelle?

Ce qui permet à Sénèque de vivre ainsi, sans avoir à travailler, c'est sa richesse naturelle, et cette richesse est, elle, une injustice, puisque, comme dirait Rousseau, il n'a rien fait, il n'a rien apporté à la société pour la mériter. Méditant sur cette injustice, il aurait mieux fait de participer plus activement à la vie de la société.

Cependant, je ne suis pas sûr que Sénèque donne une image tout à fait fidèle de lui dans cette oeuvre. Il me semble qu'il agissait quand même dans la société, mais avec vraiment beaucoup de recul.

De plus, il est vrai qu'il est plus facile de s'approcher de la vertu quand on a une vie aisée, et il est vrai que les philosophes, tels qu'il les définit, sont moins dépendants de ces richesses, et que leur bonheur n'en dépend pas.

Mais il ne faut alors pas que leur bonheur soit conditionné par le fait de passer leur vie à réfléchir et éloignés de toutes les préoccupations directement relatives à la société, car alors le fait qu'ils perdent leurs richesses impliquerait qu'ils soient obligés de travailler, donc de participer directement à la vie de la société, pour gagner leur vie, ce qui impliquerait qu'ils seraient alors malheureux.

Or, si l'on est malheureux lorsqu'un "bien" nous est enlevé, c'est que notre bonheur en dépendait...

:happy3:

lasaid
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par lasaid » 15 Aoû 2005, 12:05

oncle vania c dans le vif du théme mais il est dépourvu de ce que j'appelle le pouvoir d'attirer le lecteur . je trouve méme qu'oncle vania ne posséde pas les qualités d'héros pour l'étre dans cette piéce.le chercheur d'or c un roman qui n'attire la personne qu'aprés avoir lu la moitié ça veut dire lorsque Alexis rencontre Bradmer et accomplie ainsi le premier pas de la réalisation de son réve et celui de son pere.

Wemi
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par Wemi » 15 Aoû 2005, 13:34

Alpha a écrit:
Mais il ne faut alors pas que leur bonheur soit conditionné par le fait de passer leur vie à réfléchir et éloignés de toutes les préoccupations directement relatives à la société, car alors le fait qu'ils perdent leurs richesses impliquerait qu'ils soient obligés de travailler, donc de participer directement à la vie de la société, pour gagner leur vie, ce qui impliquerait qu'ils seraient alors malheureux.

Or, si l'on est malheureux lorsqu'un "bien" nous est enlevé, c'est que notre bonheur en dépendait...

:happy3:



Je trouve cet argument particulièrement pertinent. Sénèque dit que si un jour le sage perd ses richesses, il les regardera sans aller sans courir après. Mais, c'est vrai comment vivrait-il? Il devrait travailler et si on suit Sénèque, il serait malheureux. Bien vu, Alpha! Je me demande comment Sénèque répondrait à cette remarque. Je vais essayer de voir s'il ne soulève pas le problème dans l'oeuvre.

Si on suit les raisonnements de Sénèque, seule minuscule partie de la population pourrait être heureuse et pourrait profiter du temps.

Je viens de repenser à la réponse de Alpha. Si des gens, qui "peuvent se permettre d'être heureux" grâce à leurs richesses, les perdent. Que direz Sénèque si on lui dit qu'ils vont devenir malheureux?
A mon avis, Sénèque diraît qu'ils se laisseraient mourir puisqu'ils ont goûté au bonheur tout en profitant de la vie. La mort ne leur faît pas peur car pour eux, la vie n'a pas été trop courte. Ils ont su profiter du temps qui leur était accordé.

Anonyme

par Anonyme » 15 Aoû 2005, 13:45

je suis totalement d'accord avec vos remarques concernant les ouvrages.....
en revanche, je ne crois pas avoir vu le lien entre la recherche du bonheur et la piece "oncle vania", pouvez vous m'éclairer ??
En ce qui concerne la brièveté de la vie, je trouve cette oeuvre opaque et difficile à conprendre en profondeur. Il semble simplement dire qu'il faut ne pas gaspiller son temps.....étrange.
Le plus intérressant celon moi serait que chacun d'entre nous explique le lien qu'il a reconnu dans chaque oeuvre avec le thème de la recherche du bonheur.
@bientôt

celge
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diadia vania

par celge » 15 Aoû 2005, 14:09

en fait, dans oncle vania, la recherche du bonheur est omniprésente (ou presque). En effet, la quête du bonheur est le thème clef de l'oeuvre; les élans et les echecs des personnages dans cette quête rythment la pièce, et amènent les personnages à se sentir frustrés parfois, et satisfaits d'autres fois...
Nous voyons bien que, à de nombreuses reprises, les personnages exposent leur choix de vie, et ce qu'ils aimeraient faire... Ceci correspond, à mon sens, à leur différentes conceptions du bonheur...

celge
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oh !

par celge » 15 Aoû 2005, 15:55

mais je n'avais pas vu que ce sujet avait déjà été abordé dans le topic "un peu d'esprit" !
Et voilà, on part en vacances, et, quand on revient, tout a changé ! :we:

Anonyme

par Anonyme » 15 Aoû 2005, 19:00

merci bien pour ta réponse !

Clain
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par Clain » 17 Aoû 2005, 23:25

Finalement Oncle Vania se lit facilement, après avoir lu une dizaine de pages, je l'ai fini en une fois. Maintenant, je me demande si c'est moi qui n'ai pas saisi la portée philosophique de l'oeuvre, ou bien si le texte manque finalement de profondeur (ce qui serait étonné pour une livre si court d'un auteur si réputé).
Le rapport avec la recherche du bonheur ne m'a pas sauté aux yeux: en effet, les personnages parlent du bonheur : lorsque Sonia discute avec Eléna dans l'acte II, et qu'Eléna dit qu'elle n'est pas heureuse, on entend : malgré le fait qu'elle est mariée à un homme qui fut célèbre et qu'elle dirige une maison. Ou à la fin, quand Vania pète un plomb.
Mais ce n'est finalement qu'une histoire (bien racontée, certes) assez banale (même si le contexte n'est pas proche de nous), courte, avec peu d'action. Je m'attendais sans doute à quelque chose de plus fouillé, des dialogues moins "terre à terre" peut-être.

Mais après tout, ce n'est peut-être pas une oeuvre qui se veut philosophique au même titre que La Vie Heureuse de Sénèque.
Enfin, s'il y a des avis divergents, j'aimerais en discuter.

J'ai commencé Le Clézio et ça colle à ce que je m'attendais à lire après avoir lu les commentaires ici et là. J'ai sauté des paragraphes entiers sans me sentir largué dans l'histoire, je vais peut-être sauter des pages, je tomberais sur la fin de la pêche aux hourites. :/

Alpha
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par Alpha » 18 Aoû 2005, 09:13

Salut, Clain,

selon moi, Oncle Vania a une portée philosophique non négligeable, et le thème de la recherche du bonheur y est omniprésent : on y voit les différentes manières dont chaque personnage essaie de trouver son bonheur : le docteur Astrov est émerveillé par la nature, il aime planter des forêts, il est contemplatif, mais il aime aussi à penser qu'il aura apporté quelque chose aux générations futures, qu'il aura laissé sa trace, mais d'un autre côté, le métier qu'il a choisi lui gâche la vie.
Sonia, elle, sa raison de vivre, jusqu'à du moins qu'Astrov lui réponde par la négative, c'est son amour pour Astrov, c'est à travers cet amour qu'elle vit et qu'elle trouve son bonheur.
Oncle Vania est le cas le plus édifiant : il a perdu son bonheur, il ne sait plus quoi faire, il s'ennui, on le sent blasé, il n'arrive plus à trouver de but dans la vie, ni de chose qui le motive vraiment, il critique d'ailleurs ses goûts passés, et dit qu'il s'est trompé, bref, il s'interroge sur le sens qu'il a donné à sa vie : il dit même qu'il s'est sacrifié, a perdu son temps pour Sérébriakov. Finalement, seul le retour au travail, à la fin de l'oeuvre, semblera pouvoir redonner un sens à la vie d'Oncle Vania, car lorsque l'on travaille, on ne s'ennuie pas, on a toujours des buts à accomplir, et l'on mérite ce que l'on obtient, puisqu'on l'obtient par le travail.

:happy3:

Zeitblom
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par Zeitblom » 18 Aoû 2005, 12:33

Clain a écrit:Mais ce n'est finalement qu'une histoire (bien racontée, certes) assez banale (même si le contexte n'est pas proche de nous), courte, avec peu d'action. Je m'attendais sans doute à quelque chose de plus fouillé, des dialogues moins "terre à terre" peut-être.


C'est justement "l'erreur", si l'on peut dire, à ne pas commettre. Oncle Vania est une pièce de théâtre, pas une nouvelle, comme pourtant Tchekhov savait si bien les écrire. Ce n'est pas une "histoire", et elle n'est pas racontée ; ce sont des personnages qui vivent et qui parlent. L'histoire d'ailleurs n'est pas très intéressante, comme tu l'as remarqué elle est tout à fait banale, ce qui est intéressant c'est la manière dont chaque personnage exprime ses aspirations, et sa recherche un peu désespérée du bonheur.

Les dialogues seuls doivent donc exprimer la palette des sentiments, du splendide que Vania recherche au trivial sur lequel il se brise, et faire sentir l'accablement, l'étouffement qui recouvre le tout.

Effectivement le texte est court à la lecture, car il est fait pour être joué (sa longueur est alors tout à fait normale), et les phrases peut-être terre à terre sonnent différemment quand on les dit.

Moralité : je pense qu'il faut voir cette pièce pour bien saisir son atmosphère et sa beauté (C'est un lieu commun je sais...). J'avoue que je ne l'ai pas lue, mais vue dans une production couverte d'éloges dithyrambiques par la critique donnée ces derniers mois à Paris. J'espère quand même retrouver dans le texte ce que l'on peut ressentir à la vision de la pièce.

Clain a écrit:J'ai commencé Le Clézio et ça colle à ce que je m'attendais à lire après avoir lu les commentaires ici et là. J'ai sauté des paragraphes entiers sans me sentir largué dans l'histoire, je vais peut-être sauter des pages, je tomberais sur la fin de la pêche aux hourites. :/


C'est le problème de ce bouquin : l'histoire est intéressante, sans plus, et franchement pas originale (il suffit de lire le résumé au dos pour avoir tout compris...). L'intérêt du bouquin est dans les longues descriptions des paysages et dans la manière dont ils se modifient avec l'évolution du personnage principal. Donc tu peux sauter tant que tu veux, tu rateras pas grand chose, à part la belle poésie d'un grand nombre de pages. Je reconnais quand même que c'est très long, voire trop, et qu'à force c'est lassant.

mathador
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par mathador » 18 Aoû 2005, 13:33

Sonnez, trompettes : Mathador vient défendre Le chercheur d'or !!! Selon moi, le début est ... fastidieux, voire lourd et complètement répétitif (Laure a les yeux grands ouverts dans le noir, gnagna, le soleil me brûle le dos, gnagna, Laure a les yeux ouverts dans le noir ...) mais après (la mort du père étant une frontière) le récit devient plus prenant. Les descriptions de la guerre de 14 m'ont agréablement surpris par leur caractère "vivant", j'avais l'impression de revoir les scènes de combats du film "un long dimanche de fiançailles". Et puis pour moi, les hourites sont devenues cultes; et j'ai passé mes vacances à la mer à me marrer en me disant que cette voile qui claquait était celle du Zeta, que ce vieux loup de mer était Bradmer (Bras-de-mer, trop drôle Le Clézio...), et que j'allais retrouver Ouma la manaf pour pêcher les hourites dans l'eau claire des lagons à l'Anse aux Anglais, puis me couvrir de sable et goûter le sel sur son épaule ... enfin bref, moi, ce livre me fait délirer. Comment ça, c'est pas le but recherché (d'or) ?
Pour finir détail amusant : "hourites" n'était ni au petit Robert, ni au petit Larousse, j'ai dû chercher sur internet le sens de ce mot... qui s'écrit "ourites" à Rodrigues :happy3:

Clain
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par Clain » 18 Aoû 2005, 16:37

A Alpha,

Je suis d'accord avec tout ça. J'ai bien lu la vision du bonheur qu'ont tous les personnages (ou presque), encore que pour Vania, j'ai du mal à me faire une idée, étant donné la façon dont il se remémore son passé au cours de sa dernière dispute avec Sérébirakov. Je ne suis finalement pas certain que celà correspondait à du bonheur, car, dans ma vision, le bonheur ne peut pas être un sentiment éphémère, et un instant de bonheur ne doit pas perdre sa valeur quand il est regardé rétrospectivement. Je suppose que c'est un autre débat.

Je n'ai finalement pas saisi, l'intérêt du texte, ce qui fait qu'il doit être reconnu, par rapport à une autre oeuvre (n'importe laquelle, en restant dans le théâtre pour pouvoir comparer), qui ne traiterait pas forcément du bonheur mais où on pourrait voir des personnages essayer d'améliorer leur vie, l'effet serait tout à fait identique à mes yeux.


A Zeitblom,

Avec ses longues tirades et ses jeux scéniques peu développés, on aurait pu croire à une simple suite de dialogues. Je veux dire, sers moi de la vodka, va servir du thé au Professeur, les personnages entrent et sortent... Il n'y a pas grand chose d'autre, d'ailleurs je vois mal cette pièce représentée, même si après quelques recherches, je lis qu'elle l'a été bien des fois. Je n'ai pas étudié le théâtre très longtemps, mais je sais qu'il n'y aurait pas grande différence entre lire cette pièce et la voir représentée, pour moi.
Si l'occasion se présente, j'irai la voir, pour avoir une idée.


Bon, j'ai lu encore 40 pages de Le Clézio hier soir, ça n'a pas avancé des masses. Lorsqu'il y a eu le cyclone, je ne sais pas si c'est parce que j'était fatigué ou bien si c'est étrangement relaté mais j'ai bien mis une demi-page à comprendre :p
J'ai pris un autre bouquin que je lis en même temps, ça m'a fait un choc, c'est horrible comme il est écrit petit ce Chercheur D'Or !
Alors comme ça le père meurt ?! Faut que je continue pour voir ça, un peu de changement.

lolor
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par lolor » 18 Aoû 2005, 19:35

Clain a écrit:dans ma vision, le bonheur ne peut pas être un sentiment éphémère


je ne suis pas trop d'accord avec toi Clain. Dans le temps, bonheur signifiait chance, ce qui renvoi forcement à quelque chose d'éphémère puisque la chance finit toujours par tourner (c'est de la proba !).

j'ai trouvé le chercheur d'or long comme tout le monde, et contrairement à mathador je ne me suis pas du tout identifiée au personnage dont la vie m'a vraiment peu passionnée. Par contre c'est vrai que la description de la première guerre mondiale était très réaliste et assez prenante (faudrait que je vois un long dimanche de fiançailles...). Mais bon ce n'est pas ce livre qui répondra à mes questions concernant la recherche du bonheur...

J'ai bien aimé Oncle Vania (le fait de le lire après le chercheur d'or rend les choses bien plus faciles), j'ai trouvé ça très interressant, et bien en rapport avec la recherche du bonheur car tous les personnages sont plus ou moins malheureux. Je trouve qu'il y a un certain fatalisme chez ces personnages : ils se lamentent sur leur passé, sur ce qu'ils n'ont pas fait mais ne cherchent pas à rendre les choses meilleures, pour eux il est toujours trop tard.
Les notes que j'ai prises sur ce livre sont cent fois plus interressantes que celles prises sur le chercheur d'or (qui ne consistent qu'en un bref résumé du livre), je regrette cependant que tout ne soit pas un peu plus approfondi, je suis restée sur ma faim. Mais comme on l'a dit précédemment c'est une pièce de théâtre et elle ne peut pas être aussi longue que le chercheur d'or !

Il ne me reste plus qu'à lire Sénèque ! Quand j'aurais acheté le bouquin...

Anonyme

par Anonyme » 19 Aoû 2005, 00:30

Alors là je me joins aux défenseurs du Chercheur d'Or : ce bouquin m'a tout simplement envoûtée, peut être parce que j'ai vécu au bord de la mer, peut être parce que la poésie est mon style littéraire de prédilection....
Et s'il est vrai que j'ai eu du mal à "rentrer" dans ce livre (disons, jusqu'à 1/10 du bouquin environ, je ne sais pas), je n'irai pas jusqu'à dire que le début était long et fastidieux. Au contraire, il me semble que toutes ces répétitions participent de cette sorte de ... départ fièvreux, progressif, disons de voyage tropical et lyrique que propose ce livre. C'est vraiment une impression toute personnelle cela dit.

Pour Oncle Vania... à la première lecture, il m'a laissé un profond désespoir... la lucidité de Vania sur sa vie passé me l'a immédiatement rendu sympathique, à tel point qu'il m'a transmis toute sa désillusion... sans compter que les conceptions du bonheur exposées par les autres personnages me semblaient à la limite de la parodie, je n'arrivais absoulement pas à les prendre au sérieux, encore moins à y souscrire... à la deuxième lecture j'ai mieux cerné la valeur et la vision de chacun des personnages. Je regrette de ne pas avoir vu jouer cette pièce, en particulier il me semble que l'intonation et le rythme y jouent un rôle si important, je veux dire dans le détachement, cette espèce d'ironie grinçante que l'on ressent tout le long du livre. Au moins au niveau de l'analyse psychologique, ce livre porte beaucoup. Et effectivement, comme vous l'avez dit, il est essentiel de tenir compte de sa nature : c'est une pièce de théatre, pas un roman ou une recette de cuisine... Il me semble que c'est justement un genre particulièrement ardu à aborder (du moins à l'écrit), car tout parait anodin (mises à part les tirades : pouvant être analysées sous l'angle de l'argumentation, de la poésie, etc)
Sur ce point je trouve intéressant que les programmes proposent troirs types différents d'oeuvres (un axé sur l'argumentation, un roman aux reflets poétiques, une pièce de théatre).

Quant à Senèque, rien à dire. Ces deux oeuvres, je les ai lues comme on épluche les pommes de terre : avec méthode et quelques agréables surprises, mais avec l'envie d'en finir au plus vite, et beaucoup d'arrières pensées. Le stoïcisme impérial.... hem.... bref

 

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