par Skullkid » 20 Oct 2012, 20:24
J'ai un peu de mal avec la phrase d'acoustica "Si ça permettait aux bons élèves d'être encore meilleurs, au fond c'est surtout l'essentiel"... S'il y a des "bons" élèves c'est qu'il y en a forcément des "mauvais", et qu'une classe ne peut pas être constituée uniquement de "bons" élèves (sinon ça servirait à rien de leur flanquer un épithète).
De mon expérience personnelle, quand j'étais en collège/lycée, il y avait une forte tendance à ne s'adresser ni aux élèves qui avaient des facilités et/ou qui obtenaient de bons résultats ("ceux-là ils s'en sortiront de toute façon", pour caricaturer), ni aux élèves en difficulté ("avec ceux-là c'est peine perdue de toute façon", je caricature encore). Au final la plupart des cours que j'ai suivis étaient à destination d'une espèce de ventre mou, d'un hypothétique "élève moyen" dans lequel personne ne se retrouvait, y compris les élèves dans la moyenne de la classe. Je ne sais pas si ça a beaucoup changé aujourd'hui ou si mon établissement était un cas isolé, mais pour moi le vrai problème c'était ça (et c'était le cas dans toutes les matières ou presque), et ça n'a à mon avis rien à voir avec les programmes...
Certes, quand je suis arrivé en prépa, je me suis dit que quand même le programme de maths de lycée aurait pu m'enseigner des trucs un peu plus en lien avec ce que je voulais faire dans le supérieur. Mais ces trucs-là n'auraient servi à rien aux 75% des élèves de ma classe qui ne voulaient de toute façon pas faire de maths. Comme l'a dit Nightmare, le but de la section S à l'heure actuelle ça n'est pas de former des théoriciens, ça ressemble plus, à mon avis et pour simplifier, à quelque chose comme "initiation au raisonnement déductif" (plus un peu d'inductif quand même). Quand j'ai passé le bac, les épreuves de maths, physique, SVT et histoire-géo se déroulaient toutes sous l'angle "je constate machin (ou j'ai appris que des gens sérieux avant moi ont constaté machin), j'en déduis truc". Et en philo on essayait de décortiquer les raisonnements déductifs de philosophes choisis, plus une grosse partie du programme qui portait sur l'analyse du raisonnement déductif lui-même, pour au final s'inspirer de tout ça pour essayer de forger nos propres raisonnements.
Je suis d'accord avec le fait que ce n'est pas juste de forcer un "bon" élève à ralentir son rythme pour s'adapter aux autres, mais ce n'est pas juste non plus de ne pas laisser le temps nécessaire aux plus lents. Encore une fois, quand j'étais au lycée j'ai souvent assisté aux deux extrêmes simultanément. Et quand je suis arrivé en prépa j'ai vu ce que donnaient les élèves des "terminales étoile" et autres, ils ne pigeaient rien de plus que les autres, ils croyaient à tort connaître en profondeur des concepts abstraits, ... Au final leur cursus spécial les avait juste rendus plus arrogants que la moyenne (et c'est moi, modèle d'égo démesuré, qui dis ça). Les deux tiers se sont rétamés durant les 3 premiers mois de prépa, heureusement ils s'en sont quasiment tous relevés... en désapprenant ce qu'ils pensaient avoir appris dans leurs classes spéciales. Donc bon les classes de niveau, en théorie je ne suis pas contre, mais ce que j'en ai vu en vrai laissait franchement à désirer et me fait penser que c'est bien plus compliqué qu'il n'y paraît.
Et je tiens à préciser que je suis le premier à foutre des baffes à ceux qui crient à l'élitisme dès qu'on déconseille à un malade des os de verre de sauter en parachute (mon cursus dans le supérieur correspond typiquement à ce qu'on aime à appeler "élitiste")... Mais on pourrait imaginer essayer de fournir une éducation à peu près adaptable aux différents élèves, leurs envies et leurs besoins, sans pour autant les ranger dans des cases du genre "bon", "mauvais" ou, ma préférée, "peut mieux faire". Bref, attention phrase mielleuse, une égalité de principe au lieu d'une espèce de hiérarchie hermétique ("ne pas être admis en S c'est déjà être un déchet") ou d'une uniformité complète ("je suis aveugle, crevez-vous tous les yeux pour atteindre l'égalité").
Désolé Nightmare si j'ai dit des âneries sur le but des programmes S (qui ont peut-être changé, d'ailleurs), c'est juste comme ça que je l'ai ressenti en tant qu'élève.