leon1789 a écrit:Dès qu'on sait pourquoi on aime quelque chose, ou quelqu'un (c'est mieux quand même !), alors le charme est rompu... Mieux vaut ne pas se poser la question, non ?
L'amour étant en grande partie irrationnel (dans ses causes-mêmes), il est en effet vain d'espérer obtenir une réponse complète à cette question. Comme l'ont montré Stendhal ou Proust, du moins dans le cas de l'amour d'une personne, l'amour est profondément influencé par notre imaginaire et notre imagination, qui nous font concevoir une réalité qui nous est propre, et non une réalité objective (dont l'existence n'est qu'une hypothèse), ni une réalité qui s'en tiendrait aux faits ou même qui serait basée sur ceux-ci. La preuve, c'est qu'on peut très bien aimer une personne dont on aurait a priori pensé, si l'on avait connu à l'avance quelques-unes de ses caractéristiques, qu'on ne l'aimerait pas. Preuve que l'amour n'est pas fondé, du moins pas uniquement, sur des critères rationnels.
Le fait de savoir pourquoi on aime quelqu'un -s'il s'agit d'avoir découvert quel artifice principal de notre imagination ou de notre psychologie nous faisait aimer cette personne- peut en effet rompre le charme si l'on se rend compte que l'image qu'on a de cette personne ne correspond pas à ce qu'est cette personne.
Et pour finir, je citerais cette phrase de Proust dans A la recherche du temps perdu :
"L'amour, même en ses plus humbles commencements, est un exemple frappant du peu qu'est la réalité pour nous."
Voilà, c'était mon quart d'heure philosophique, maintenant, promis, j'arrête!
Concernant les maths, la première des choses me plaisant en elles me venant à l'esprit est le fait qu'elles nous permettent de comprendre nos intuitions, nos conjectures. Nous sommes à peu près persuadés de quelque chose, mais savons-nous vraiment pourquoi? Il va falloir justifier ce que nous pensons, le justifier par d'autres choses, plus élémentaires, plus sûres, qui elles mêmes devront être décomposées en choses encore plus sûres, jusqu'à aboutir aux axiomes de base qui sont les plus profondément ancrés en notre esprit. Dans la pratique, on ne revient jamais aux tous premiers axiomes, mais la construction sa fait toujours à partir de ce qu'on sait déjà être sûr, prouvé. Ainsi, en maths, on sait pourquoi l'on sait, pourquoi on est sûr, ce qui nous renseigne sur "comment fonctionne notre esprit."
Les maths se construisent petit à petit par agrégation de découvertes à partir d'axiomes de départ, et plus on découvre (ou invente des notions nouvelles) des choses nouvelles, plus on a de matière à découvrir d'autre vérités encore plus avancées. Cette construction parfaite, rationnellement indestructible, que l'on doit comprendre pour en gravir les étages, et toujours susceptible d'être poursuivie par nous-mêmes (ce que nous faisons même lorsque nous découvrons par nous-mêmes une vérité déjà établie, même si nous sommes guidés pour cela) ou par quelqu'un d'autre, est en cela particulièrement belle.