anima a écrit:J'ai vraiment cru le lire, la...
Quand tu m'expliqueras clairement ce qu'est un Etat "normal", et un dirigeant "normal", je mangerai mes cours de philo politique. En attendant, tu as bien posé un jugement de valeur non vérifié, sauf par la vision occidentale du monde ("on est normaux, les autres ne le sont pas"). Certes, le dirigeant de la corée du nord tend vers la folie, mais il y a bien plus fou que lui...
J'espère sincèrement que tes cours de philo politique ont bon goût.
Pour moi, un dirigeant normal, c'est le genre de dirigeant auquel on est habitué, nous, ici, en Europe, depuis plusieurs années, c'est-à-dire des gens plutôt raisonnables, mesurés, posés, conscients de leurs reponsabilités, ne cherchant pas à asservir ses concitoyens, et respectant les droits de l'homme.
D'un tel dirigeant, on n'a pas à craindre l'usage (sauf dans le plus extrême des cas, peut-être) de la bombe atomique. De la part d'un tel dirigeant, on sait, par expérience, que ses décisions seront mûrement réfléchies et pesées. D'autre part nos pays européens ne sont pas isolés, ils ont parfaitement conscience qu'ils ont intérêt à bien s'entendre avec le plus de monde possible. Il fait partie de la culture européenne de chercher le plus possible à éviter la guerre, et ce depuis au moins la fin de la 1ère guerre mondiale.
Il en va tout autrement du chef Coréen, ou même du président iranien. Raisonnables, mesurés, posés? Oseras-tu prétendre cela? Respectent-ils les droits de l'homme?
Et comment pourrais-tu soutenir que ce type (le corréen) est normal, étant donné ce qu'il fait subir à son pays? Il est anormal, par là j'entends qu'il se démarque de la pupart des autres dirigeants du monde, et qu'il a certainement des problèmes psychologiques beaucoup plus graves que nos dirigeants européens.
Mais peut-être me soutiendras-tu que Hitler était normal? Si tu me démontres qu'Hitler était normal, mon cher, alors je veux bien rendre les armes (c'est le cas de le dire) et tout t'accorder.
Tu sais très bien ce que je veux dire, mais tu joues sur les mots, et c'est là un grand travers de la philosophie. C'est la raison pour laquelle, n'en déplaise à Platon, le monde ne peut pas être gouverné par des gens qui passent leur temps à lire des bouquins et à faire de beaux discours.
Au-delà des beaux discours, au-delà des théories souvent tangentes et artificielles des philosophes, il y a la réalité du moment, concrète, qu'on ne choisit pas, et si on refuse de la voir telle qu'elle est et d'agir en conséquence, alors autant avancer avec un bandeau sur les yeux.
Ma conviction est que d'une manière générale, les Européens ont tendance à se représenter leurs ennemis potentiels -puisqu'il faut bien les appeler ainsi- comme leur étant semblables, raisonnant de la même façon, ayant la même morale. Mais selon moi ils font erreur. Leurs potentiels ennemis -ceux dont nous parlons depuis le début de la conversation- ne possèdent pas la même culture, pas la même histoire, pas la même mentalité, ne sont pas imprégnés de la même morale en quelque sorte platonicienne qui a impregné tout l'occident. Il n'y a aucune raison pour qu'ils soient dans la même logique que nous.
Cela n'en fait pas pour autant des gens dangereux ou anormaux, car ce n'est pas parce qu'on est différent qu'on est dangereux ou anormal. Mais, dans les cas particulier que nous avons traité, ce que j'ai dit montre qu'il y a chez ces dirigeants-là une anormalité dont la conséquence est une grande "dangeurosité", et on pourrait même, finalement, caractériser cette anormalité par le danger qu'ils représentent. Et l'on ne peut nier le danger qu'ils représentent, par leurs déclarations, par leur comportement, par leurs intentions, par leurs actes, par leur façon de gouverner leur pays, qui donne une idée de leur pouvoir de nuisance.
Ce qui achève ma réponse. Bon appétit.