Le temps

De la mécanique au nucléaire, nos physiciens sont à l'écoute
Dominique Lefebvre
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par Dominique Lefebvre » 04 Jan 2008, 08:54

Flodelarab a écrit:"Ben voyons donc!" Comme dirait nos amis Québécois.

Les joueurs de poker en sont une preuve flagrante. Ils font en permanence des calculs probabilistes (espérance mathématique, probabilité d'une situation) pour prédire le futur. On est dans la théorie et la conceptualisation scientifique mathématique pure.

Tu vas me dire que c'est pas de la science ? C'est pas de la prédiction ?


Que je sache, car je ne joue pas au poker, les joueurs utilisent un modèle probabiliste pour essayer de deviner un résultat. Je ne vois pas bien le rapport avec l'affirmation "la science prédit le futur"!
Cette affirmation est bien trop imprécise pour avoir le moindre caractère... scientifique.

Je serai d'accord avec l'affirmation qui dirait "la science fournit des modèles qui permettent de prévoir certains phénomènes avec une précision qui dépend du phénomène étudié et de la portée dans le futur".



Flodelarab
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par Flodelarab » 04 Jan 2008, 13:36

Dominique Lefebvre a écrit:Que je sache, car je ne joue pas au poker, les joueurs utilisent un modèle probabiliste pour essayer de deviner un résultat. Je ne vois pas bien le rapport avec l'affirmation "la science prédit le futur"!
La science est la modélisation du monde.
Prédire: Définition du dictionnaire: Dire ce qu’on prévoit, par raisonnement et par conjecture, devoir arriver
le futur: ce qui va arriver

Tu écris côte à côte 2 phrases strictement synonymes et tu oses dire que tu vois pas le rapport ?
J'ai du mal à saisir la nuance que tu cherches à introduire.

Dominique Lefebvre
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par Dominique Lefebvre » 04 Jan 2008, 14:05

Flodelarab a écrit:La science est la modélisation du monde.
Prédire: Définition du dictionnaire: Dire ce qu’on prévoit, par raisonnement et par conjecture, devoir arriver
le futur: ce qui va arriver

Tu écris côte à côte 2 phrases strictement synonymes et tu oses dire que tu vois pas le rapport ?
J'ai du mal à saisir la nuance que tu cherches à introduire.


Je ne suis pas d'accord avec ta définition de la science! La science n'est pas la modélisation du monde!
De quel monde parles-tu? Que serait un modèle du monde?
De plus la possession d'un modèle n'autorise pas forcément, c'est même très loin d'être le cas, la prédiction du comportement du système modélisé.
En réflechissant, tu trouveras sans doute un exemple de système dont on peut établir un modèle et dont on est parfaitement incapable de prédire le comportement à moyen ou à long terme!
Et le nombre de systèmes dont on ne possède même pas de modèles efficaces est encore plus élevé!

Si j'en crois ce que tu écris, tu crois donc à la toute puissance de la science, capable de modéliser le monde! Je dois me tromper n'est-ce pas!!! J'ai entendu des discours scientistes mais jamais à ce point... Il faut revenir à un peu plus d'humilité. Pour t'aider, essaye donc de modéliser un nuage et de prévoir sa forme dans 4 heures....

Enfin pour finir, je distingue le fait d'utiliser un modèle probabiliste pour tenter de deviner un résultat (le joueur de poker) sur un système simple (un jeu de cartes) avec la capacité supposée de la science à prédire le futur. Et d'ailleurs, le futur de quoi?

Flodelarab
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par Flodelarab » 04 Jan 2008, 15:29

Dominique Lefebvre a écrit:Et d'ailleurs, le futur de quoi?
Tu te noies dans un verre d'eau ou tu te voiles la face ?

J'ai jamais dit que la science était parfaite, capable de modéliser le monde entier dans une compréhension parfaite des phénomènes, ni que la science était nécessairement prédictive.
Je dis juste que la compréhension (ou plutôt la conceptualisation) locale de certains phénomènes permettait de prévoir/prédire le résultat/futur, dans le cas où la situation présenterait les mêmes hypothèses.

Je vois bien le rapport entre "nuage" et "humidité". Mais entre "nuage" et "humilité", je ne vois pas. Je ne dis pas que les scientifiques sont tout puissants et maitrisent tout.
L'ignorance n'est pas un contre-exemple de la fonction prédictive de la science.

Dominique Lefebvre
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par Dominique Lefebvre » 04 Jan 2008, 15:45

Flodelarab a écrit:Tu te noies dans un verre d'eau ou tu te voiles la face ?

J'ai jamais dit que la science était parfaite, capable de modéliser le monde entier dans une compréhension parfaite des phénomènes, ni que la science était nécessairement prédictive.

Je te cite "La science est la modélisation du monde." ...

Je dis juste que la compréhension (ou plutôt la conceptualisation) locale de certains phénomènes permettait de prévoir/prédire le résultat/futur, dans le cas où la situation présenterait les mêmes hypothèses.

Oui, dans certains cas simples, je l'ai dit....


Je vois bien le rapport entre "nuage" et "humidité". Mais entre "nuage" et "humilité", je ne vois pas.

Sans commentaire

Je ne dis pas que les scientifiques sont tout puissants et maitrisent tout.
L'ignorance n'est pas un contre-exemple de la fonction prédictive de la science.

J'aimerais que tu donnes ta définition de la science. Et je remarque que nous dérivons du débat sur le temps pour aboutir au débat sur la prédictibilité du comportement du "monde" sans que ce terme ne soit défini, d'ailleurs...

cesar
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par cesar » 05 Jan 2008, 09:49

moderez vous :ptdr:

Vous êtes victimes de quelque chose de bien different de la discution sur le temps : C'est la déficience de la formation que vous avez reçue - moi y compris (du moins en France et dans beaucoup de pays). On y neglige de maniere scandaleuse l'epistémologie et tout ce qui touche à ces problemes. Les gens se forment "sur le tas" aux principes de bases de leur metier, bien sur, ils connaissent bien les lois de la nature et les mathematiques, mais pas bien les principes sur lesquels tout cela été bati . Cela risque un jour de mener à un desastre...

Dominique Lefebvre
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par Dominique Lefebvre » 05 Jan 2008, 15:14

cesar a écrit:moderez vous :ptdr:

Vous êtes victimes de quelque chose de bien different de la discution sur le temps : C'est la déficience de la formation que vous avez reçue - moi y compris (du moins en France et dans beaucoup de pays). On y neglige de maniere scandaleuse l'epistémologie et tout ce qui touche à ces problemes. Les gens se forment "sur le tas" aux principes de bases de leur metier, bien sur, ils connaissent bien les lois de la nature et les mathematiques, mais pas bien les principes sur lesquels tout cela été bati . Cela risque un jour de mener à un desastre...

Bonjour,

Je ne suis pas d'accord avec toi. Je me souviens d'avoir bouffé 120 heures d'épistémo et de philo des sciences à l'Ecole et il me semble encore connaître mon Duhem sur la théorie physique ou plus récent le Bitbol sur la MQ (plus mon domaine...)

cesar
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par cesar » 05 Jan 2008, 16:25

Dominique Lefebvre a écrit:Bonjour,

Je ne suis pas d'accord avec toi. Je me souviens d'avoir bouffé 120 heures d'épistémo et de philo des sciences à l'Ecole et il me semble encore connaître mon Duhem sur la théorie physique ou plus récent le Bitbol sur la MQ (plus mon domaine...)

tu as de la chance, mais tout le monde n'est pas dans ton cas (moi...).
et l'histoire des sciences ?

Dominique Lefebvre
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par Dominique Lefebvre » 07 Jan 2008, 20:54

cesar a écrit:tu as de la chance, mais tout le monde n'est pas dans ton cas (moi...).
et l'histoire des sciences ?

L'histoire des sciences.... Je dois avouer qu'à part l'histoire de la physique et des maths que je connais assez bien, je suis sec sur le reste, en particulier sur les sciences du vivant!

Alpha
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par Alpha » 07 Jan 2008, 21:42

Flodelarab a écrit:Tu te noies dans un verre d'eau ou tu te voiles la face ?


En tout cas, mettons de l'eau dans notre vin :lol4:

Cordialement

entropik
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par entropik » 07 Jan 2008, 22:10

Dominique Lefebvre a écrit:Bonjour,

Je ne suis pas d'accord avec toi. Je me souviens d'avoir bouffé 120 heures d'épistémo et de philo des sciences à l'Ecole et il me semble encore connaître mon Duhem sur la théorie physique ou plus récent le Bitbol sur la MQ (plus mon domaine...)


Bonsoir,
En fait faut-il comprendre un minimum la MQ pour appréhender les livres de Bitbol? Parce-que son livre "Physique et philosophie de l'esprit" m'avait fort intéressé mais je dois avouer que je me suis découragé avant d'avoir achevé le premier chapitre tant je devais triturer mes méninges et les dictionnaires pour tenter, ne fût-ce que d'entrevoir ce qu'il voulait dire. Ceci dit, ça avait quand même l'air passionnant.

farator
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par farator » 07 Jan 2008, 22:14

Pour moi, et je m'appuis ici sur Einstein, la science est un ensemble de vérités objectives, que personne ne peut contester par le raisonnement. C'est l'intégralité des savoirs que l'humain peut acquérir. Mais c'est un savoir, des vérités, la représentation de la réalité, en cela elle ne peut pas prédire l'avenir, mais seulement la supposer.
Elle est constituée de 3 phases. La première empiriste, puisqu'il faut un point de départ, une observation, qui se fait nécessairement grâce aux sens et aux perceptions. La deuxième est rationnaliste, et ne fait intervenir que l'esprit, pour aboutir à des hypothèses. La dernière est expérimentale, dans le but de conforter ou réfuter une hypothèse.
Mais la question est très ambigüe, car la critique principale de l'empirisme serait que nos sens peuvent nous tromper. Et la nature humaine propre à chacun peut nous faire voir les choses différament. Le rationnalisme se base sur des axiomes eux-mêmes non démontrés.
D'un point de vue personnel, je qualifierais une vérité de "scientifique" si elle a passé ces trois étapes.
Mais on peut très vite démontrer les limites de cette connaissance ...

entropik
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par entropik » 07 Jan 2008, 22:53

farator a écrit:Pour moi, et je m'appuis ici sur Einstein, la science est un ensemble de vérités objectives, que personne ne peut contester par le raisonnement.

Je me permet de marquer mon désaccord, je crois qu'il est toujours possible de trouver un raisonnement (aussi farfelu soit-il) qui conteste une prétendue vérité. Pour moi, ce qui définit une vérité scientifique, c'est qu'aucune expérience (bien concrète) n'ait pu jusqu'à ce jour démontrer le contraire. Donc le pré-requis pour qu'un fait devienne une vérité est qu'il soit réfutable expérimentalement. Voilà pourquoi la théorie des cordes (devenue théorie M après unification) n'est toujours pas considérable comme vérité et reste du même ordre que l'existence de Dieu.

farator a écrit:C'est l'intégralité des savoirs que l'humain peut acquérir.
Mais dans ce cas c'est au sens large du mot science que l'on fait appel. Là on peut y inclure la science de Dieu, du bien, du beau, de l'âme, de l'être, les sciences occultes, etc.
Il me semble qu'il faut faire la distinction avec la science comme ensemble de connaissances caractérisées par un objet et une méthode déterminées, et fondées sur des relations objectives vérifiables.

farator a écrit:Mais c'est un savoir, des vérités, la représentation de la réalité, en cela elle ne peut pas prédire l'avenir, mais seulement la supposer.
De même il faudrait bien distinguer la vérité comme ce à quoi l'esprit peut et doit donner son assentiment, la connaissance à laquelle on attribue la plus grande valeur (ce qui me paraît très subjectif) et la vérité en tant que connaissance conforme au réel (ou du moins qui tend à l'être dans la mesure du possible); son expression; les faits qui lui correspondent en tant qu'ils sont exprimés, connus ou à connaître


farator a écrit:Elle est constituée de 3 phases. La première empiriste, puisqu'il faut un point de départ, une observation, qui se fait nécessairement grâce aux sens et aux perceptions. La deuxième est rationnaliste, et ne fait intervenir que l'esprit, pour aboutir à des hypothèses. La dernière est expérimentale, dans le but de conforter ou réfuter une hypothèse.
Mais la question est très ambigüe, car la critique principale de l'empirisme serait que nos sens peuvent nous tromper. Et la nature humaine propre à chacun peut nous faire voir les choses différament. Le rationnalisme se base sur des axiomes eux-mêmes non démontrés.
D'un point de vue personnel, je qualifierais une vérité de "scientifique" si elle a passé ces trois étapes.
Mais on peut très vite démontrer les limites de cette connaissance ...

Je ne vois pas la différence entre la première et la troisème phase, pour moi il s'agit, dans les 2 cas, d'une confrontation de la théorie avec le réel. Aussi je ne trouve pas que la première étape soit systématiquement l'observation. Il me semble que bon nombre de théories partent d'un concept purement abstrait, qui est ensuite confirmé ou infirmé par l'expérience. Mais je suis d'accord sur le fait que la science n'a pas pu naître d'un concept abstrait, il a bien fallu un constat empirique initial qui a évoqué chez l'homme les concepts qui peuvent après servir de point de départ à de nouvelles théories.

Dominique Lefebvre
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par Dominique Lefebvre » 07 Jan 2008, 22:56

entropik a écrit:Bonsoir,
En fait faut-il comprendre un minimum la MQ pour appréhender les livres de Bitbol? Parce-que son livre "Physique et philosophie de l'esprit" m'avait fort intéressé mais je dois avouer que je me suis découragé avant d'avoir achevé le premier chapitre tant je devais triturer mes méninges et les dictionnaires pour tenter, ne fût-ce que d'entrevoir ce qu'il voulait dire. Ceci dit, ça avait quand même l'air passionnant.

Oh oui ! Bitbol écrit des bouquins sur la philo de la MQ, sur ses différentes interprétations et implications philosophiques. Et je dois dire que, bien que doté d'une solide formation en MQ, il m'arrive de décrocher... Et soyons honnête, il lui arrive d'être soporifique (Pardon Michel, mais tes amphis...)

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par entropik » 07 Jan 2008, 23:10

Dominique Lefebvre a écrit:Oh oui ! Bitbol écrit des bouquins sur la philo de la MQ, sur ses différentes interprétations et implications philosophiques. Et je dois dire que, bien que doté d'une solide formation en MQ, il m'arrive de décrocher... Et soyons honnête, il lui arrive d'être soporifique (Pardon Michel, mais tes amphis...)

Mais il est aussi soporifique quand il donne cours que dans ses livres?

Dominique Lefebvre
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par Dominique Lefebvre » 07 Jan 2008, 23:25

entropik a écrit:Mais il est aussi soporifique quand il donne cours que dans ses livres?

J'exagère un peu, je ne l'ai pas eu comme prof (je suis un peu vieux...) mais j'ai suivi quelques uns de ses amphis il y a une dizaine d'années et je dois dire que j'ai un peu décroché... As-tu lu son "mécanique quantique, une introduction philosophique"? Redoutable! Je préfère me farcir les deux tomes du Cohen-Tannoudji !

Dominique Lefebvre
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par Dominique Lefebvre » 08 Jan 2008, 17:49

Bonsoir,
Nous nous éloignons bigrement du sujet initial traitant du temps, mais il me semble important de relever quelques points dans le message de farator.
farator a écrit:Pour moi, et je m'appuis ici sur Einstein, la science est un ensemble de vérités objectives, que personne ne peut contester par le raisonnement.


Je me demande bien sur quels écrits d'Einstein tu te bases pour écrire cela! Tu peux nous donner tes sources?
Le concept de "vérité objective" n'est pas un concept scientifique. Il laisse supposer qu'il existe une vérité et qu'elle serait objective. Mais qu'est-ce qu'une vérité? Quelle règle, quel référentiel permettrait de décréter qu'une science détient la vérité, c'est à dire est conforme au dit référentiel? Qui serait juge de cette objectivité?
Ce concept est à cent lieux du principe de la relativité, qui est la négation d'un référentiel unique, pierre de touche de tous les autres référentiels...

D'autre part, le terme "la science" me gêne, comme s'il n'existait qu'une science, avec un S majuscule, déifiée et nouvelle religion des hommes...

Enfin, le principe même d'une théorie scientifique, l'atome fondateur des savoirs qui constituent les sciences, est de pouvoir être constestée, on dit "falsifiée". Depuis Popper, c'est le premier critère de sélection d'une théorie scientifique. Une doctrine qui serait énoncée sans pouvoir être falsifiée ne serait constituer une théorie scientifique.
Je prends un exemple provocant à dessein : l'affirmation "Dieu existe". Cette affirmation ne peut être démontrée avec les outils des différentes sciences à notre disposition; elle ne peut être ni confirmée, ni démentie. Ce n'est pas une théorie scientifique mais un acte de foi.

C'est l'intégralité des savoirs que l'humain peut acquérir. Mais c'est un savoir, des vérités, la représentation de la réalité, en cela elle ne peut pas prédire l'avenir, mais seulement la supposer.

j'ai l'impression que tu assimiles les modèles physiques de l'Univers avec la science!
Je prends encore un exemple. Le biochimiste qui étudie l'oxydation cellulaire dans les mitochondries prétend-t-il supposer l'avenir?
Le prévisionniste qui calcule la météo pour les quatres semaines qui viennent donne une tendance, sans prédire l'avenir, à moins que pour toi, dire : la probabilité qu'il se produise une tempête dans le mois qui vient sur Paris est de 0,1 % avec une incertitude de 10%, soit une prédiction...

Elle est constituée de 3 phases. La première empiriste, puisqu'il faut un point de départ, une observation, qui se fait nécessairement grâce aux sens et aux perceptions. La deuxième est rationnaliste, et ne fait intervenir que l'esprit, pour aboutir à des hypothèses. La dernière est expérimentale, dans le but de conforter ou réfuter une hypothèse.

Cette vision du travail scientifique est réductionniste. Elle correspond à une approche possible, l'approche expérimentale. Mais il en existe d'autres.
Certains physiciens théoriciens, par exemple, partent d'une idée philosophique : les lois qui gouvernent l'univers doivent être simples. Ils en tirent un programme de travail : unifier le corpus de lois existantes pour en faire une théorie unifiée. En découlent des dizaines d'années de travaux, purement théoriques, qui aboutissent à une théorie physique. Il faut que celle-ci soit falsifiable, c'est à dire qu'elle produise des affirmations que l'on puisse vérifier. Sinon, elle ne mérite pas son statut de théorie scientifique. Puis les théoriciens passent le bébé aux expérimentateurs qui vérifient si possible les affirmations de la théorie sont justes. J'écris "si possible" parce qu'il arrive souvent que la vérification ne soit pas possible dans l'immédiat.
ceux qui sont familiarisés avec la physique moderne auront reconnu là la méthode de développement de la théorie des cordes, ou encore des théories de la supersymétrie. Ces deux dernières n'ont pas encore été confrontées à l'expérience. Et je ne parle pas de la gravité quantique et autres réjouissances.
Et que dire des mathématiciens, pour lesquels ton approche n'a aucune signification?
Le rationnalisme se base sur des axiomes eux-mêmes non démontrés.

Les axiomes sont par essence non démontrés sinon ce ne sont pas des axiomes...
De plus, un ensemble d'axiomes définissent un système formel dans lequel certaines lois peuvent être vraies, alors qu'elles sont fausses dans un autre système formel.
Exemple simple: le théorème sur la somme des angles dans un triangle = 180° est vrai dans le système formel d'Euclide. Il est faux dans un autre système.
En fait, ce sont les axiomes qui engendrent un certain rationalisme, rationalisme qui reste relatif au système formel que tu considères.

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par farator » 08 Jan 2008, 18:32

Je tiens tout d'abord à préciser que j'ai un faible niveau en philosophie et surtout en culture philosophique, et que je me base plutôt sur mes opinions personnelles auxquelles j'ai réfléchi. Ainsi, il existe sans doute beaucoup de limites à ce que j'ai écrit, et des contradictions avec des choses qui paraissent pour vous évidentes.

Je me demande bien sur quels écrits d'Einstein tu te bases pour écrire cela! Tu peux nous donner tes sources?

Il s'agit d'un extrait d'un texte d'Albert Einstein et Leopold Infeld : L'evolution des idées en physique.
La vérité est par définition la représentation de la réalité. Je pense que cette vérité est personnelle, car la vision et la perception de la réalité sont elle-mêmes particulières et propres à chacun. Je pense néanmoins qu'il existe une vérité scientifique objective qui est fondée par le raisonnement pur, qui lui même ne peut être contesté. Le juge qui opte pour telle ou telle vérité serait le sujet lui-même. Bien que cela aille à l'encontre des exigences scientifiques, nottament constituées de l'universalité, je pense que les vérités scientifiques se basant sur l'empirisme sont subjectives. Ce sont des idées très personnelles, et pour moi la vérité objective est l'arithmétique, fondé sur le rationnalisme. Selon moi et Descartes d'ailleurs, l'arithmétique, malgré les axiomes, ne peut être réfuté.
L'existence de Dieu n'est pas une vérité scientifique subjective car l'expérimentation n'est pas possible, c'est en effet un acte de foi.
Au sujet de l'expérimentation, j'adhère totallement à la thèse d'Alan Chalmers et à l'exemple qu'il prend sur l'orientation des chauve souris : j'ai parlé de réfuter ou conforter une hypothèse mais surement pas de la vérifier.

j'ai l'impression que tu assimiles les modèles physiques de l'Univers avec la science!
Je prends encore un exemple. Le biochimiste qui étudie l'oxydation cellulaire dans les mitochondries prétend-t-il supposer l'avenir?
Le prévisionniste qui calcule la météo pour les quatres semaines qui viennent donne une tendance, sans prédire l'avenir, à moins que pour toi, dire : la probabilité qu'il se produise une tempête dans le mois qui vient sur Paris est de 0,1 % avec une incertitude de 10%, soit une prédiction...

Je ne comprends pas cet exemple des mitochondries, puisque j'ai justement écrit que la science n'a pas la puissance pour prédire l'avenir. De même pour le météorologue : c'est une tendance, une supposition, mais sûrement pas une prédiction.

Cette vision du travail scientifique est réductionniste.

Elle est pour vous réductionniste mais c'est pourtant la mienne. Je pense que la fondation des vérités scientifiques est très subjective, mais que les vérités fondées grâce au rationnalisme sont indestructibles. Il y a pour moi deux vérités scientifiques : l'une subjective, l'approche expérimentale et l'autre objective, les vérités rationnalistes.

Dominique Lefebvre
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par Dominique Lefebvre » 08 Jan 2008, 19:20

farator a écrit:Il s'agit d'un extrait d'un texte d'Albert Einstein et Leopold Infeld : L'evolution des idées en physique.


Tu as de saines lectures bravo!
J'ai ce bouquin sous les yeux.. Tu cites sans doute le dernier chapitre "Les quantas" dans son dernier paragraphe "La physique et la réalité".
Je vais me permettre quelques citations in extenso pour éclairer le débat.

Les auteurs écrivent (les italiques sont de moi):
"La science n'est pas une collection de lois, un catalogue de faits non reliés entre eux. Elle est la création de l'esprit humain au moyen d'idées et de concepts librement inventés. Les théories physiques essaient de former une image de la réalité et de la rattacher au vaste monde des impressions sensibles".
A propos du temps : "le sentiment subjectif du temps nous permet d'ordonner nos impressions, d'établir qu'un évènement précède un autre. Mais relier chaque instant du temps à un nombre, en employant une horloge, regarder le temps comme un continuum unidimensionnel, cela est déjà une invention".
En encore, à la fin de ce paragraphe:
"A l'aide des théories physiques nous cherchons à trouver notre chemin à travers le labyrinthe des faits observés,(...). Sans la croyance qu'il est possible de saisir la réalité avec nos constructions théoriques, sans la croyance en l'harmonie interne de notre monde, il ne pourrait y avoir de science."

Il n'est pas question ici, ni ailleurs dans ce livre que je connais bien, de vérité. Einstein y expose sa croyance profonde dans l'harmonie du monde et dans sa simplicité. Cette croyance l'a toujours empêché d'adhérer pleinement à la physique quantique.
C'est d'ailleurs lui qui a implusé la philosphie de l'unification des théories physiques, sous l'argument que les lois du monde étaient fondamentalement simples. Il ne pouvait admettre l'indétermination, le hasard, disait-il, de la physique quantique.

entropik
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par entropik » 08 Jan 2008, 21:46

Tiens et quel est votre avis sur la question? Je suppose que puisque vous connaissez bien la MQ vous admettez son indétermination et son hasard.

J'ai bien pris la peine de préciser que c'est Einstein qui parlait de hasard à propos de la physique quantique, cette histoire de "dés"! Les quanticiens ne parlent pas de hasard mais d'indétermination, ce qui n'est pas tout à fait la même chose...

Mais doutez-vous pour autant de l'unification, de la possibilité de réduire les lois de la nature à quelques équation simples?

C'est un vaste débat,plutôt philosophique. Je crois, je dis bien je crois, que les lois de la nature peuvent sans doute réduites à quelques lois fondamentales. Ce qui ne signifie pas qu'elles soient simples, ni même accessibles à notre compréhension.
Mais encore une fois, il s'agit d'une intuition, rien d'objectif et de concret ne nous permet de l'affirmer, d'aucune façon! D'ailleurs certains physiciens croient que ce n'est pas le cas...


Mais au fait cette fameuse théorie M qui n'a toujours pas été vérifiée (ou falsifiée) a-t-elle eu jusque maintenant une quelconque utilité? Si elle ne permet encore rien de concret, a-t-elle au moins permis d'améliorer d'autres théories qui elles sont applicables?

Elle ne débouchera sans doute jamais... Son élaboration a permis de faire des progrès dans l'acquisition des outils mathématiques (topo,théorie des groupes, théorie des variétés) mais elle a bien embrumé les esprits et pompé les budgets!


Il y aussi quelque chose qui m'a interpellé à propos de cette théorie dans le documentaire d'Arte nommé "Ce qu'Einstein ne savait pas"; il y est dit qu'Einstein avait mesuré que l'influence gravitationnelle des objets voyageait exactement à la vitesse de la lumière. Ils disaient donc que si le soleil disparaissait d'un coup, la terre continuerait à suivre sa trajectoire elliptique pendant environ 8 min, càd le temps que la "vague de courbure spatio-temporelle" atteigne la terre. Mais comment a-t-il pu mesurer une telle chose?

Il s'agit sans doute d'une allusion un peu discutable dans la forme aux ondes gravitationnelles dont la célérité est bien c. Mais il faut bien être conscient que la déformation de l'espace-temps ne se propage: c'est une donnée locale.
Einstein fut le premier à émettre l'hypothèse de leur existence et à avoir calculé leurs caractéristiques (elles découlent des équations du champ d'Einstein). Note bien qu'on a encore jamais détecté directement une onde gravitationnelle.

PS : j'ai par mégarde ajouté mes commentaires dans ton message au lieu d'y répondre. Je te prie de bien vouloir m'excuser!

 

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