par Alpha » 30 Oct 2008, 11:05
Alors ça va faire un non fumeur de plus (je note quand même qu'au moins un fumeur a participé à cette discussion, puisque Imod est un ancien fumeur), mais je donne quand même mon avis :
En tant que non fumeur, les fumeurs ont tendance à me pourrir la vie, car je ne supporte pas la fumée de cigarette, elle me donne l'impression d'étouffer, elle me fait mal, elle est très désagréable. Mon aversion pour la fumée de cigarette est tellement grande que je ne pourrais pas fréquenter régulièrement quelqu'un qui fume : en général, quand quelqu'un fume à côté de moi, la première envie que j'ai, c'est de partir.
De ce point de vue, je suis très content qu'on réserve certains espaces pour les fumeurs, espaces séparés des non fumeurs, et qu'il soit interdit de fumer dans les lieux publics, et toutes les mesures restrictives ou dissuasives envers les fumeurs me conviennent également.
Ca, c'est en ce qui concerne mon intérêt personnel.
Après, on peut aussi essayer d'arguer d'arguments "moraux" :
1) Fumer est désagréable aux non-fumeurs, qui n'ont pas choisi de respirer de la fumée
2) Fumer peut altérer la santé de gens qui ne fument pas
1) peut être retourné par les fumeurs contre les non-fumeurs :
"ne pas fumer est désagréable aux fumeurs" / "les non-fumeurs qui empêchent les fumeurs de fumer sont désagréable aux fumeurs, qui n'ont pas choisi qu'il y ait des non-fumeurs.
2) est déjà plus convaincant
Et il y a bien sûr 3), qui est que fumer dégrade la santé des fumeurs eux-mêmes.
Je trouve quand même incroyable que des gens qui ont consciemment pris le risque de fumer, ie en sachant tous les risques que cela impliquait, soient tellement pris en charge par la sécurité sociale lorsqu'ils sont malades : des fortunes ne sont-elles pas dépensées dans ces cas-là?
Ca serait l'arguement 4) :
Pourquoi les fumeurs seraient-ils à la charge de la société lorsqu'ils sont malades à cause de la cigarette, choix qu'ils ont fait en en connaissant les risques? Lorsqu'il y a un accident de la route, celui qui est en tort a des malus et n'est pas ou peu remboursé : on pourrait s'en inspirer dans le cas de la cigarette et de ses maladies.
On pourrait me répondre que le prix des cigarettes sert à financer les maladies dues au tabac, je veux bien le croire, mais ça reste à prouver.
Alors bien sûr, il y a le plaisir que peuvent ressentir les fumeurs à fumer, et je peux le comprendre ou l'imaginer. On peut distinguer plusieurs sortes de plaisirs :
- celui qui fume une cigarette ou un cigare de temps en temps qui n'est pas vraiment accro et qui évite de trop l'imposer à ceux auxquels c'est désagréable
- celui qui fume une dizaine de cigarette par jour, déjà encore assez accro
- celui qui fume 1 paquet ou plus par jour, très accro
Je comprends le plaisir des premiers, et je pense que c'est un vrai plaisir raisonnable, sans vraie addiction, comparable au plaisir de ceux qui aiment bien, de temps en temps, déguster un bon verre de vin.
Quant au plaisir des autres, je pense qu'il relève plus de l'addiction, et j'ai dans ce cas du mal à l'appeler plaisir, pour la raison suivante : l'évidente sensation de manque créée par le fait de rester sans fumer (qui est prouvée par la fréquence à laquelle ils fument). Cette sensation de manque est-elle un plaisir? Non, c'est une souffrance. Ceux qui sont dépendants à la cigarette (ceux des deux derniers exemples) vivent chaque jour une succession de périodes bas/haut, manque/satisfaction, mal-être/bien-être.
Je ne pense pas que cette sorte de plaisir soit dans l'intérêt de ces fumeurs et que cela les rende heureux. Ils sont juste prisonniers d'une dépendance.
On pourrait aussi discuter des raisons pour lesquelles on se met à fumer. Je ne vois pas en quoi un groupe de gens qui fument est plus apte à "penser autrement qu'en récitant le dernier 20H de TF1". Parce qu'en fumant, ils font un choix osé, contraire à ce qu'enseigne ou recommande la société, et donc qu'ils sont différents, qu'ils n'écoutent et ne croient pas tout ce qu'on leur dit? Possible. Seulement, la plupart du temps, on choisit de fumer parce qu'on veut se différencier ou se mettre en valeur, donc les gens qui le font ne le font pas parce qu'ils sont fondamentalement différents ou de valeur, mais parce qu'ils ont envie de penser qu'ils le sont. C'est là aussi une façon toute préfabriquée d'être, sans grande originalité, qui n'a pas grand chose de personnel. Fumer c'est souvent suivre le mouvement de la masse des autres fumeurs en espérant leur ressembler ou en tirer les mêmes avantages qu'eux. Alors peut-être qu'un fumeur pense différemment et ne croit pas tout ce qu'on lui dit, mais ça ne permet pas de juger de la qualité ou de la pertinence de ses réflexions.
Bref, je pense que, la plupart du temps, ceux qui se mettent à fumer le font pour de mauvaises raisons et ne sont pas plus heureux parce qu'ils fument, au contraire, et que la restriction du tabagisme est à la fois une question de santé, de bien-être et d'intérêt public (ainsi que personnel).