"Je pense"

Quand Socrate rencontre Shakespear: discussions littéraires, langues étrangères, histoire ou géographie.
Coryt
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"Je pense"

par Coryt » 16 Nov 2020, 15:57

Bonjour,
Je devais répondre à deux questions sur un texte de Nietzsche, ci-dessous, j'ai peur que je n'expliques pas assez, voici les questions
Quelles sont les trois critiques que Nietzsche adresse à Descartes ?
Pourquoi, pour Nietzsche, le « je » n’est-il pas une certitude immédiate ?

Si j’analyse le processus exprimé dans cette phrase: «je pense», j’obtiens des séries d’affirmations téméraires qu’il est difficile et peut-être impossible de justifier. Par exemple, que c’est moi qui pense, qu’il faut absolument que quelque chose pense, que la pensée est le résultat de l’activité d’un être connu comme cause, qu’il y a un «je», enfin qu’on a établi d’avance ce qu’il faut entendre par penser, et que je sais ce que c’est que penser. Car si je n’avais pas tranché la question par avance, et pour mon compte, comment pourrais-je jurer qu’il ne s’agit pas plutôt d’un «vouloir», d’un «sentir»? Bref, ce «je pense» suppose que je compare, pour établir ce qu’il est, mon état présent avec d’autres états que j’ai observés en moi; vu qu’il me faut recourir à un «savoir» venu d’ailleurs, ce «je pense» n’a certainement pour moi aucune valeur de certitude immédiate. Au lieu de cette certitude immédiate à laquelle le vulgaire peut croire, le philosophe, pour sa part, ne reçoit qu’une poignée de problèmes métaphysiques, qui peuvent se formuler ainsi: où suis-je allé chercher ma notion de «penser»? Pourquoi dois-je croire encore à la cause et à l’effet ? Qu’est-ce qui me donne le droit de parler d’un «je», et d’un «je» qui soit cause, et, pour comble, cause de la pensée ? […]
Si l’on parle de la superstition des logiciens, je ne me lasserai jamais de souligner un petit fait très bref que les gens atteints de cette superstition n’aiment guère avouer: c’est à savoir qu’une pensée vient quand elle veut, non quand je veux, en telle sorte que c’est falsifier les faits que de dire que le sujet «je» est la détermination du verbe «pense». Quelque chose pense, mais que ce soit ce vieil et illustre «je», ce n’est là, pour le dire en termes modérés, qu’une hypothèse, qu’une allégation1; surtout, ce n’est pas une «certitude immédiate». Enfin, c’est déjà trop dire que quelque chose pense, ce «quelque chose» contient déjà une interprétation du processus lui-même: on raisonne selon la routine grammaticale: «penser est une action, toute action suppose un sujet actif, donc…». […] Peut-être arrivera-t-on un jour, même chez les logiciens, à se passer de ce «quelque chose», résidu qu’a laissé en s’évaporant le brave vieux « moi ».

Voici ma rédaction:

Par l’apparition de nouveaux savoirs à la fin du XIXème siècle, l’utilité et la légitimité de la philosophie est remise en doute. Ce doute va permettre à la philosophie de s’en prendre aux idées reçues la concernant et ainsi se renouveler. Nietzsche va, par ses hypothèses, remettre en question le cogito de Descartes dans son livre Par-delà le bien et le mal paru en 1886.
Que remet en cause Nietzsche dans les paragraphes 16 et 17 de son œuvre Par-delà le bien et le mal à l’égard de Descartes ? Qu’est ce qui permet à Nietzsche de dire que le « je » n’est pas une certitude immédiate ?


Dans cet extrait, Nietzsche commence en nous disant que l’affirmation considéré comme vérité première par Descartes peut induire à des suppositions hasardeuses, à des « affirmations téméraires » (l.2). L’une des premiers critiques adressés à Descartes dans le texte est qu’est ce qui autorise Descartes à dire que « quelque chose pense », que la pensée a besoin d’un sujet pour fonctionner, que « penser » est une action, la résultante d’une « cause » (l.4) et que cette dernière soit « moi » (l.3), substance pensante.
Une autre critique formulée par Nietzsche sur le cogito et que je me dois de connaitre « penser », sa signification, son sens afin de pouvoir le séparer des autres états possibles dans notre esprit et comme il nous le dit, de ne pas confondre penser avec « un vouloir, d’un sentir » (l.7).
De cette critique en découle la troisième, pour Nietzsche, l’affirmation « je pense » nous oblige à comparer et analyser ce qu’il se passe en nous. Cependant cette analyse nous force à utiliser un « savoir venu d’ailleurs » (l.9) et de ce fait le « je pense » n’a plus rien d’affirmatif, ce n’est plus « une certitude immédiate » (l.10).
Ainsi Nietzsche nous fait part de trois critiques que sont le droit d’utiliser la cause et effet pour parler de penser, qu’est ce que penser et ce questionnement entraine une comparaison avec une connaissance extérieure entrainant un doute.

Nietzsche nous dit que pour lui le « je » n’a rien d’une certitude immédiate. Le philosophe allemand appelle la thèse de Descartes et des logiciens de « superstition » (l.16). A la superstition des logiciens il oppose comme preuve provenant de l’expérience ou comme il le nomme « un petit fait très bref » (l.17). Il avance que la pensée apparait « quand elle veut, non quand je veux » (l.18), ce n’est donc pas moi qui en suis à l’origine. Si ce n’est pas moi qui actionne la pensée, par quel droit je dis que c’est « je » qui détermine « penser », pour Nietzsche l’utilisation du « je » est dû par la routine grammaticale engendré par notre langue et ne devrait être considéré au mieux en tant « qu’une hypothèse, qu’une allégation » (l.21). Pour Nietzsche, remplacer le « je » par « quelque chose » est déjà trop dire sur le processus de penser. Donc le « je » ne représente pas pour Nietzsche une « certitude immédiate » (l.21).


Nietzsche critique le cogito de Descartes et particulièrement l’affirmation « je pense » qui est pour lui une illusion provoquée par la grammaire, et que dire que c’est « je » qui pense n’est pas vérifiable, sûr. Si « je » n’est pas la cause de l’effet « penser ».



 

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