Yawgmoth a écrit:ps : j'espère juste ne pas m'être planté de droit naturel ^^
Rassures toi, il n'y a qu'un droit naturel, mais ce concept peut être vu de différentes façons.
C'est un très vaste sujet, il suffit de voir un peu le nombre de philosophes et théologiens qui ont planché dessus: Platon, Aristote, saint Thomas d'Aquin, Vitoria, Vazquez, Molina, Suarez, Gentilis, Grotius, Pufendorf, Burlamaqui, Barbeyrac, Wolff, Vattel, Hobbes, Spinoza, Locke, Rousseau, Montesquieu, Kant, Fichte, Hegel,....
Je vais essayer de te montrer les 2 grandes manières d'appréhender le sujet. Pour cela l'introduction de l'article d'Universalis exprime bien ce qu'il en est:
Encyclopédie Universalis 2005 a écrit:De prime abord, quand on parle de droit naturel, on suppose une connaissance de la nature accessible à la raison et universellement reconnue ; c'est ce que semblent contredire les disciplines historique et ethnologique qui manifestent la multiplicité des contenus du droit et de la justice. « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », disait déjà Pascal. Plus récemment l'étude des sociétés, différant tant par leur situation géographique que par le point d'évolution où elles se trouvent, ne fait que confirmer cette mise en doute. L'argument est invoqué en faveur d'une critique du droit naturel, et on oppose respectivement, comme à son autre, immuabilité et variabilité, nature et culture. Toute mise en uvre de règles par un groupe est un fait de culture, non de nature.
Pourtant, Claude Lévi-Strauss parle de « réintégrer la culture dans la nature, et finalement la vie dans l'ensemble de ses conditions physico-chimiques » (La Pensée sauvage, Paris, 1962). Ces mots pourraient sembler faire écho à la tradition aristotélicienne, mais en fait ils disent l'inverse. Lévi-Strauss entend en effet mettre en lumière le soubassement organique de toute production humaine.
Au contraire, chez Aristote et Thomas d'Aquin, le concept de nature humaine suppose celui de culture, en ce sens que la nature humaine achevée est conçue comme un fruit de culture. La nature tend à être une nature cultivée dans un devenir personnel et social.
Alors le droit trouve un fondement dans les exigences de la nature. Un tel langage, dont il faut saisir la différence avec celui de Lévi-Strauss par exemple, peut-il être tenu aujourd'hui ? Une philosophie du droit naturel peut-elle résister à la critique historique et ethnologique ?
Ainsi la question "le droit peut-il être naturel" peut être retournée de la sorte: "le droit pourrait-il puiser sa source dans la nature profonde de l'être ou naît-il uniquement de la culture que développent les sociétés?"
Pour cette dissertation, tu as déjà les thèmes de ta thèse et de ton antithèse, le plus intéressant sera de faire la synthèse et il faudra faire un choix pour la conclusion.
Tu pourrais commencer par comparer le droit dans le monde, pas en détail car tu n'en finirais pas, mais pour en avoir une idée générale. Comment les pays instaurent-ils leurs lois? Tu verras que cela varie très fort d'un pays à l'autre. Il me semble important de parler des liens intimes entre religion et état. Tu pourrais analyser comment la séparation de l'église et de l'état en France (pour commencer) a influé sur le droit.
Tu verras qu'en Iran par exemple, le pouvoir est encore en grande partie aux mains de la religion. Le droit y est donc régi par des textes religieux.
Je crois que plus le droit est culturel, plus il y a de risques de conflits entre les ethnies. Mais je considère le droit naturel comme quelque chose dabsolu, duniversel et donc malheureusement dinaccessible. On ne peut que tendre vers ce droit « parfait ».
Le droit naturel devrait découler « naturellement » de lémerveillement de lhomme face à la complexité de son propre corps. Là on peut faire le lien avec la science. En étudiant doù il vient, en sétonnant devant lampleur des mécanismes nécessaires à son évolution, lhomme devrait développer un respect spontané pour lui-même.
Ce qui serait vraiment intéressant, cest de suivre lidée de Lévi-Strauss, réintégrer la culture dans la nature. Je trouve que nature et culture ne sopposent pas nécessairement, cest comme le bien et le mal, le bonheur et le malheur, ils ne sopposent pas mais se complètent.
Dans la partie que tu consacreras à la nature, tu pourrais parler des premiers hommes si tu trouves des infos ; comment ont-ils crée le concept de droit. Sest-il imposé inconsciemment ?
A cette époque, la nature avait plus dinfluence que la culture, qui naissait tout doucement. Est-ce que lhomme se respectait plus que maintenant ? Peut-être bien, je nen serais pas étonné. On peut faire un parallèle entre lévolution démographique et culturelle de lhomme. Plus la population sest agrandie, plus les relations entre les hommes sont devenues complexes, et là, linstinct naturel ne suffit plus pour faire régner le droit.
Ainsi je pense que plus les interactions entre les sociétés deviennent complexes, plus lhomme à besoin dune grande culture pour conserver le droit naturel.
Cest en senivrant de lincroyable complexité cosmique que lhomme parviendra à vivre en harmonie. Cest en apprenant la fabuleuse aventure de la matière qui na cessé de sorganiser depuis les quarks aux cellules sophistiquées dont nous sommes constitués que lhomme se rendra compte que son prochain nest pas différent de lui mais quil a juste une autre façon dappréhender la nature. Pour moi, la finalité de la culture nest autre que nous apprendre que nous sommes tous nés dune même nature et que lon doit unifier nos forces pour tenter de décrypter ses signes afin de jouer au mieux notre rôle dans lunivers.
En résumé je pense que oui, le droit peut être naturel, mais il ne le sera jamais à 100%. Nous devrons toujours uvrer à répandre et étendre la culture car cest de lincompréhension et de lignorance que naît la peur qui entraîne la haine et le non-respect des droits de lhomme. Si un droit culturel doit subsister, il se doit dêtre toujours amélioré en partant du principe que les règles de vie imposées aux hommes par dautres hommes sont vouées à léchec à moyen terme. Lensemble des règles nécessaires à la vie en société doit naître en chacun de nous, les autres ne devraient servir quà nous guider dans la construction dune éthique personnelle, à nous faire comprendre pourquoi cest dans notre propre intérêt de respecter les autres. Autrement les conflits ne peuvent que persister.
Beaucoup diront sûrement que je suis un utopiste idéaliste mais cest parce que jy crois que je trouve encore la force de lutter.