par Robic » 05 Juil 2013, 18:32
Comme on est en période de Tour de France, ça m'a donné l'idée d'une analogie qui me semble très juste.
Imaginons une étape de montagne, mais qui commence d'abord par 100 km de plat (ensuite par contre, que des grands cols). Un coureur non-grimpeur peut adopter la stratégie suivante : il s'échappe dès le début de la course et prend une avance importante (il n'est pas grimpeur, personne se méfie...) de sorte qu'arrivé au pied du premier col, il est loin devant les autres. Du coup, cette avance pourrait lui permettre de gagner l'étape (ça s'est déjà fait). N'empêche, ce n'est pas pour autant qu'il sera devenu grimpeur. C'est juste qu'il a pris de l'avance.
Mendes : tu es dans le même cas que ce coureur, tu veux partir en avance en espérant que ça suffise pour être premier. N'empêche, ce n'est pas pour autant que tu seras devenu un crack en maths. C'est juste que tu as pris de l'avance.
Je pense que si tu es ambitieux, ton but doit être de progresser. Mettons que tu sois "bon en maths" mais pas encore "très bon en maths". Eh bien il y a des élèves qui sont excellents au collège puis qui déclinent peu à peu au lycée. C'est parce qu'ils n'ont pas su élever leur niveau. Comme dit Archytas, il suffit d'apprendre par coeur pour réussir au collège (il a dit ça pour le lycée, mais c'est peut-être exagéré... quoique). Bref, tu es peut-être dans ce cas de figure, qui sait ?
Comme j'ai un peu de temps (j'espère que tu auras le temps de me lire...) je vais détailler.
C'est quoi "très bon en maths" à la rentrée de la seconde ? Eh bien c'est quelqu'un qui sait démontrer tout seul que les milieux des côtés d'un parallélogramme forment eux-même un parallélogramme. Quelqu'un de "bon en maths" aura besoin d'une indication (« en utilisant la propriété XXXX ») et alors il réussira (et c'est ce niveau qu'on attend) tandis que quelqu'un de "très bon en maths" trouvera de lui même cette propriété (en fait il y a plusieurs façons de démontrer ça...)
Et comment atteint-on ce stade ?
Attention, je vais révéler une vérité confidentielle : le secret pour être "très bon en maths".
Il y a deux choses importantes :
1) L'expérience. Pour l'acquérir il faut faire des exercices. Ça a l'air d'une banalité de dire ça, mais ça marche vraiment, garanti 100 % (à moins vraiment de ne pas être doué, c'est possible).
2) Le vrai secret, c'est ici. C'est un truc moins connu. C'est parce que quand on l'a, on ne se rend pas compte que des tas de gens ne l'ont pas. Sauf en lisant les messages du forum. Alors voilà le secret :
Zut, j'ai des courses à faire. Bon, je reviendrai demain.
---
Finalement c'était fermé, je poursuis (ouah l'autre, le suspense pourri...) Alors, le Grand Secret pour être "très bon en maths". Eh bien observons deux élèves face à un sujet difficile, par exemple la propriété ci-dessus à démontrer :
- celui qui est "bon en maths" se dit : pfouuu, j'ai aucune idée de comment on résout ça, pfouuu ! et laisse tomber.
- celui qui est "très bon en maths" se dit : pfouuu, j'ai aucune idée de comment on résout ça, pfouuu ! puis essaie un truc.
Je vous jure que c'est ça le secret pour être "très bon en maths". Le type qui est "très bon en maths" n'est pas un surdoué (oui, il y a aussi les surdoués, ça existe, mais il n'existe pas de méthode pour le devenir donc c'est hors-sujet), il n'est pas plus intelligent que celui qui est seulement "bon en maths", lui aussi ne voit absolument pas comment il va résoudre le problème. Simplement, il essaie un truc.
Dans mon exemple précédent, il se dit : il faut que je démontrer que les quatre milieux forment un parallélogramme. Comment démontre-t-on qu'un quadrilatère est un parallélogramme ? Par exemple en vérifiant que les diagonales se coupent en leur milieu. Et voilà : c'est un piste ! Essayons ! Le truc, c'est de remplacer la question (démontrre que c'est un parallélogramme) par une nouvelle question (démontrer que les diagonales se coupent en leur milieu). Quand on fait le dessin (autre truc : dessiner, dessiner, dessiner !) on se rend compte que ça a l'air vrai, donc on a un peu avancé. Mais ce n'est pas fini et il faut remplacer la question précédente (démontrer que les diagonales etc.) par une nouvelle question (démontrer que les droites joignant les milieux des côtés du parallélogramme passent par le centre de celui-ci), et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on tombe sur quelque chose qu'on sait faire.
Ou alors on se dit qu'un parallélogramme a ses côtés deux à deux parallèles. Est-ce le cas ici ? On doit répondre à la question "démontrer que ces deux droites-là et ces droites-ci sont parallèles". Là encore on peut faire un dessin pour s'aider, et si on a pensé à tracer les diagonales du parallélogramme d'origine on voit que le parallélisme se fera par rapport à elles. D'où une nouvelle question : "démontrer que les droites qui joignent les milieux des côtés du parallélogramme sont parallèles à ses diagonales". Pour ça, il suffit de trouver la bonne propriété, donc en essayer plusieurs jusqu'à tomber sur la bonne.
Tout ça nécessite une discipline de raisonnement qui est la suivante : quand on veux démontrer un truc, on écrit la définition de ce truc et on doit démontrer chaque point de la définition. En fait, on décompose la question de départ en sous-questions de plus en plus simple.
Voilà. C'est ça le secret pour être "très bon en maths". Si tu es ambitieux et pas encore "très bon en maths", c'est à ça que tu devrais t'entraîner : trouver par toi même le cheminement permettant de résoudre des questions difficiles.
(Maintenant, si tu es surdoué, oublie tout ce que j'ai dit et amuse-toi pendant les vacances !)