par Anonyme » 30 Avr 2005, 18:33
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> Pour nombre de personnes, il y a confusion entre le nombre et sa
> représentation conventionnelle en base dix. Parler des chiffres après
> la virgule d'un nombre est une grave confusion qui compromet l'avenir
> mathématique des élèves.
Pas d'accord, car il faut bien commencer avec des images simples et même
simplifiées à l'extrème. L'apprentissage mathématique d'un élève, osons dire
aussi d'un adulte qui fait des maths, est en mouvance perpétuelle, en
déséquilibre contrôlé et reconstruction douloureuse, c'est même le sens de
l'activité mathématique. On n'a pas à faire ingurgiter à un élève une
espèce de monument figé à jamais.
Avec les élèves, on rectifie le tir peu à peu pour affiner les connaissances
les plus techniques et arriver en début de fac par une construction
effective de l'ensemble des réels par les suites de Cauchy par exemple. Je
prétends qu'il n'y a pas d'autres solutions.
S'il fallait être rigoureux dès le début d'ailleurs, on s'abstiendrait de
parler de choses aussi simples que les aires ou les longueurs, qui l'air de
rien recèlent des pièges diaboliques et des finesses théoriques redoutable.
S'il avait fallu être parfaitement rigoureux dès le début, les hommes
n'auraient jamais fait de mathématiques!
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> La pratique de la mesure permet de faire remarquer qu'il existe des
> nombres non entiers et qu'on peut ses représenter par uns succession de
> chiffres éventuellement séparés par une virgule.
> Comment pourrait-on imaginer en 6ème qu'un nombre puisse
> être autre que décimal ?
Oui on peut, on doit, parler de nombres non décimaux en 6e, même si les
élèves bien évidemment ne maîtrisent pas du tout la finesse de l'ensemble
des nombres réels (il faut un sacré bon de temps et d'années d'étude pour
prétendre commencer seulement à voir ce que c'est, et encore!).
Parce qu'on rencontre 1/3, parce qu'on connaît pi... dès les petites
classes. On dit quoi sur 1/3? On répond quoi quand un élève vous demande,
Monsieur, c'est quoi pi? Se taire, c'est privé les élèves d'un des piments
de la réflexion mathématique.
Sous prétexte que c'est trop compliqué, il ne faudrait rien dire? Pas
d'accord encore une fois.
C'est sans doute sur ces problèmes que la démonstration mathématique est
apparu (sans doute avec la découverte de l'incommensurabilité). C'est sur
ces problèmes, vus à leur niveau bien évidemment, que les élèves doivent
percevoir peu à peu le vertige et la beauté des mathématiques.
Il ne faut pas dire n'importe quoi, certes, pas n'importe comment non plus,
mais il faut dire et cela fascine d'ailleurs les élèves.
Bonne nuit à tous,
Nestor Alambic