par Anonyme » 30 Avr 2005, 15:42
On peut parler de classe d'équivalence dès que l'on a un ensemble sur
lequel on a défini une relation d'équivalence. Je te rappelle qu'une
relation d'équivalence sur un ensemble E, c'est un truc qui vérifie :
i) (réflexivité) x ~ x
ii) (symétrie) si x ~ y alors y ~ x
iii) (transitivité) si x ~ y et y ~ z, alors x ~ z
Dès que l'on a ça, on considère, pour tout x de E, ce que l'on appelle
la classe de x, que je vais noter Cl(x), et qui est définie comme
l'ensemble des éléments y de E tels que x ~ y. Les axiomes i), ii) et
iii) prouve qu'en fait les Cl(x) forment une partition de E : aucun
n'est vide et si Cl(x) rencontre Cl(y), alors il y a égalité (ce qui
est immédiat). L'ensemble de ces classes d'équivalence est ce que l'on
appelle l'ensemble quotient et que l'on note E/~. Bref.
Maintenant, ce dont on peut avoir envie c'est « transporter » les
diverses structures que l'on avait sur E sur l'ensemble quotient. Par
exemple si E était un groupe, on aimerait définir un loi de groupe sur
E/~. L'idée pour additionner Cl(x) et Cl(y) est de prendre un élément
de Cl(x), par exemple x, un de Cl(y), par exemple y, d'additionner ces
deux éléments et de regarder la classe de la somme. On poserait donc
bêtement :
Cl(x) + Cl(y) = Cl(x+y)
mais pour faire ça, il faut faire attention à ce que le résultat ne
dépende pas des éléments choisis dans nos classes (on parle de repré-
sentants).
Dans le cas des groupes, il y a à peu près un seul cas où ça marche. Il
faut déjà que Cl(e) soit un sous-groupe distingué de E et que la relation
soit précisément :
x ~ y ssi x-y in Cl(e)
(Bon, j'ai pris une notation additive, ce qui n'est vraiment pas adroit
puisque le groupe peut ne pas être commutatif).
On dit alors que l'on a quotienté G par le sous-groupe Cl(e). Je suppose
que tu connais déjà bien tout ça, mais bon.
De même ensuite, on a peut-être envie de quotienter des espaces vecto-
riels, réels disons dans un premier temps. Là, encore on a une condition
du même genre. Il faut :
Cl(0) sous-espace vectoriel
x ~ y ssi x-y in Cl(0)
On quotient ici par un sous-espace vectoriel.
Si tu sais ce qu'est un module (je suppose que oui -- et sinon, sans
rentrer dans les détails, c'est juste un espace vectoriel mais sur un
anneau qui n'est pas forcément un corps), on peut faire exactement
pareil : on quotiente par des sous-modules. Si A est un anneau, c'est
canoniquement un A-module (de la même façon que R est un R-ev), mais
ici, il admet des sous-modules non triviaux ; c'est précisément les
idéaux. Et c'est ainsi que l'on a le droit de quotienter un anneau
par un idéal. On obtient ainsi un module (le module quotient) qui hérite
en outre d'une structure d'anneau dans ce cas particulier.
Z/pZ c'est exactement le cas des groupes, ou celui des anneaux si tu
veux garder en plus la structure multiplicative. Les fonctions modulo
« l'égalité presque partout », c'est le cas des espaces vectoriels.
Ici, E est l'ensemble des fonctions mesurables disons de R dans R et
le sous-espace vectoriel F est celui des fonctions nulles presque
partout. C'est évidemment un sous-espace... et donc on peut considérer
le quotient E/F. En tant qu'espace vectoriel, c'est ainsi que l'on
obtient les L_p ; ensuite, on rajoute les normes qui vont bien mais on
a déjà rien qu'en disant ça, on a déjà la structure de R-espace
vectoriel.
(Après, il y a plein de variantes, on peut quotienter des espaces de
Banach par des sous-espaces vectoriels fermés, etc... mais bon passons).
Bref, tout ça pour dire que c'est vrai que très souvent on quotiente
par des sous-objets plus que par des relations d'équivalence, mais il
ne faut pas oublier qu'à l'origine, c'est la même chose. Le fait de
quotienter par des sous-objets permet de conserver la strcture (de
rester dans la catégorie (abélienne) si tu sais ce que ça veut dire).
Mais ici, la relation d'équivalence que tu donnais (définir la même
suite de normes pour les L_p) n'était pas de la forme précédente et
donc on ne peut pas récupérer de structure à la fin. Je ne dis pas
que c'était la chose à faire ; il aurait peut-être été préférable de
modifier légérement la relation d'équivalence, mais ici ça ne me
semblait ni évident ni judicieux. Bon, je sais pas.
--
Xavier, qui suis sûr que tu savais à peu près déjà tout ce que je
viens de dire, mais qui préfère en dire plus pour pas que l'on ne
m'en redemande ensuite.