par Ben314 » 25 Oct 2016, 16:56
A mon sens, concernant cette question qui revient comme un leitmotiv sur le forum, le problème est dans les "non dits" et autres "sous entendus" de l'enseignement Français (et je pense que c'est plus ou moins la même chose ailleurs).
L'enseignement des "nombres", ça commence au début du primaire par les entiers naturels où il est évidement bien trop tôt pour enseigner quoi que ce soit qui ressemble à un théorème, par exemple le fait qu'un entier naturel quelconque admet forcément une et une seule écriture dans le système décimal. De plus, on ne voit plus du tout les autres bases que la base 10 dans le primaire et très très peu d'autre système de numération comme le système romain dans lequel il pouvait éventuellement être accepté deux écriture pour le même nombre : on trouve parfois IIII à la place de IV. Le bilan, c'est que ce "non dit" (= existence et unicité de l'écriture d'un entier naturel sous forme décimale), ça doit venir "tout seul" dans l'esprit des gamins et que, très souvent (et c'est normal) ça devient en quelque sorte une définition de ce qu'est un nombre : un nombre c'est une "écriture décimale" et qu'avec ça comme définition, il n'y a pas vraiment de question à se poser concernant ni l'existence, ni l'unicité de l'écriture : par "définition" deux nombre sont égaux lorsqu'ils "s'écrivent pareil".
Ensuite, je suppose qu'ils voient les nombres décimaux avec lesquels il n'y a toujours pas de problèmes (existence et unicité de l'écriture sous forme décimale) tant que l'on ne s'intéresse pas à la division.
Mais par contre, là où il y a un problème, c'est lorsque l'on s'intéresse à la division et/ou qu'on introduit les quotients où, plutôt que d'expliquer que, par exemple 1/3 n'est pas un décimal et qu'il y a des "trucs" qu'on continue à appeler des "nombres" qui n'ont pas d'écriture décimale, on préfère très souvent dire qu'il existe bien une "espèce d'écriture", mais avec une infinité de chiffres après la virgule. Cette explication a le bon gout d'éviter que l'élève se pose la "question qui tue", à avoir "c'est quoi un nombre ?" et ça évite aussi, (voire surtout) à l'instit. ou au prof d'avoir à répondre à une telle question qu'on aborde au mieux dans un L3 de Math (et encore, pas sûr...). Le "petit" problème, c'est que l'élève en question, il va naturellement se mettre à penser que l'infini, c'est un truc "tout con" et que le fait de "mettre une infinité de chiffres après la virgule", ça ne pose absolument pas le moindre problème (si ça en posait, on lui aurait évidement dit...).
Par exemple, concernant l'évidence absolue qu'est le fait que, concrètement parlant, on ne risque pas d'écrire une infinité de quoi ce soit ou que ce soit et qu'en conséquence, cette "infinité de chiffres", ça ne peut être qu'une vue de l'esprit et surement pas un truc concret, je n'ai pas souvenir d'avoir vu ou que ce soit soulevé le problème.
Si je veut être méchant (et j'aime bien ça), je pourrait dire qu'évidement de faire une quelconque référence à ce "léger problème", ça risquerait fortement d'inciter l'élève/étudiant à se poser des question (très compliquées...) et que c'est pas trop "dans l'air du temps"....
Pour finir, autant je comprend parfaitement que dans le primaire ce type de question soit "en dehors des clous", autant j'ai quand même du mal à admettre que, arrivé à 18 ans, et dans des cursus prétendument "scientifiques" les élèves n'aient jamais entendu parler du "petit problème" concernant le fait de savoir ce qu'est un "nombre".
Cette question a, à de multiples reprise, occupée le "devant de la scène" du monde mathématique et il me semble que, au moins pour leur culture scientifique, ils devraient avoir entendu parler du "problème de racine(2)" chez les Grecs et de la réelle difficulté qu'on a à inventer un "truc" dont le carré est parfaitement égal à 2 (peut-être que le plus important là dedans, c'est de comprendre qu'on doit inventer le truc en question et qu'il ne tombe pas du ciel...)
Qui n'entend qu'un son n'entend qu'une sonnerie. Signé : Sonfucius