beagle a écrit:Je sais pas Pascal ou Ben314 si vous ressentez cela ou non.
Mon "ressenti" sur l'état actuel de l'enseignement des maths. en France, il se résume quasi tout entier en UN exemple (symptomatique à mon sens) :
Avec des étudiant "pas trop matheux" (bacheliers, mais titulaire de bacs pas du tout scientifique) on a vu les dérivées. J'ai évidement insisté plus que lourdement sur le fait que LE truc à comprendre, c'est que f'(5), c'est la pente de la tangente au point (5,f(5)) et tout les exos qu'on a fait (4 ou 5) de détermination de la tangente à une courbe en un point, j'ai systématiquement procédé en écrivant que f'(5)=3 donc la tangente à une équation de la forme y=3x+? et, vu qu'elle doit passer par (5,f(5))=(5,2), on doit avoir 2=3x5+? donc ?=-13.
APRES le dernier exo., et uniquement pour qu'on ne puisse pas dire que je ne donne pas les formules qui ont été donné dans les autres groupes, j'ai écrit la formule générale d'une tangente, à savoir y=f'(a)(x-a)+f(a) en signalant bien que c'était pas bien utile de l'apprendre "par coeur" vu qu'on l'avait pas utilisé dans les exos. et qu'on s'en était très bien passé.
Arrive le contrôle où, bien entendu, il y a un calcul de tangente (et dans un cas on ne peut plus "favorable" vu qu'on leur donnait "tout cuit" la valeur de f(-2) et de f'(-2)). Le bilan, c'est que parmi les étudiants qui ont traité la question, soit environ 35 sur 40 (5 sur 40 n'ont rien compris à tout le chapitre) l'immense majorité (2 ou 3 exceptions) à préféré utiliser la formule "par cœur" et dans cette immense majorité, à peu prés les 3/4 ont un résultat faux vu qu'ils se sont gourés dans les calculs : vu les valeurs numériques, le f'(a)(x-a) donnait (-3)[x-(-2)] qui, vu que c'était "sans calculatrice" est allègrement devenu du -3x+5 ou du 3x+6 ou n'importe quoi du même style. Bref, le bilan,
c'est que plus de 3 fois sur 4, leur "tangente", ben elle ne passe même pas par le point où on calcule la tangente et que ça ne les perturbe pas le moins du monde...Je n'ai pas du tout envie de débattre sur le "à qui la faute", mais le constat s'impose : LA (unique) vision qu'ils ont des maths, c'est d'appliquer des formules apprises par cœur (et dénuée du moindre sens).
Formules qui, bien entendue, seront oubliées aussi vites qu'elles ont été apprises et qui feront que pour ce public là, je n'ai absolument aucun doute : dans 10 ans, ils affirmeront (presque) tous que "les maths qu'ils ont fait à l'école, ça leur à jamais servi à rien" et... ils auront parfaitement raison...