mathador a écrit:C'est là aussi le problème : tout le monde n'aime pas les maths, et même pas les études théoriques !!!
salut,
j'enseigne les maths en lycée depuis deux ans, et ce que dit Mathador me semble être frappé au coin du bon sens. Aujourd'hui, comme chacun sait, les maths sont LE critère de réussite des études, et c'est dommage. Tout le monde n'est pas fait pour faire des maths, morbleu !!! Vous n'êtes peut-être pas tous enseignants, mais j'imagine que beaucoup d'entre vous ont déjà donné quelques cours particuliers, vous savez donc aussi bien que moi que certains cerveaux souffrent d'être pliés aux exigences des maths, qui leur sont très-étrangères...à ces autres formes d'intelligence, on peut toujours faire avaler des formules, apprendre des "trucs", et à force d'acharnement, j'en suis convaincu, on pourrait faire entrer n'importe qui à Polytechnique (les concours d'entrée aux grandes écoles sont, eux-mêmes, de plus en plus, faits dans cette optique : il faut savoir faire très vite des choses faciles...).
Le règne des maths toutes-puissantes me semble un immense gâchis. Si seulement on pouvait valoriser d'autres études ! l'artisanat, par exemple...un CAP de menuisier, ça n'impressionne personne...pourquoi ne pas donner aux futurs menuisiers la possibilité d'études prestigieuses, une "grande école" de menuiserie, accessible sur concours, et où on ne demanderait à personne de savoir ce qu'est un anneau euclidien... Je crois qu'on est encore très loin de ça. (les "compagnons" existent, mais qui en parle aux jeunes? ).
Gâchis humain, mais aussi grand dommage pour les maths et ceux qui les enseignent...le ressentiment à l'égard des maths est réel...
La difficulté pour un enseignant de maths en lycée aujourd'hui, c'est de convaincre ceux qui sont capables d'avoir leur bac (c'est à dire la grande majorité) de travailler un peu cette matière qui ne les attire pas (le plus souvent) mais qui seule peut les mener quelque part. Je le fais, mais ça me fait mal au coeur quand je sais que certains élèves ont d'autres attirances, d'autres passions, pour des choses gratuites, "inutiles", et que les maths leur font perdre leur temps.
Un petit mot à ceux qui parlent d'enrichir les programmes en primaire...tout d'abord, à ceux qui croient, parce qu'ils viennent d'être frappés par l'efficacité de la théorie des ensembles en arrivant en prépa, qu'ils ont perdu leur temps à l'ignorer si longtemps, je rappelle qu'on est revenu depuis longtemps de cette erreur des "maths modernes"...si la théorie des ensembles vous parle, c'est justement parce que tout ce que vous avez étudié jusqu'ici vous y a préparé. Pour donner un exemple à ceux qui ont fait un peu de maths après le bac : on pourrait très bien étudier la théorie des schémas ,élaborée par Grothendieck, sans avoir la moindre notion de géométrie algébrique, mais ça serait extrêmement fastidieux et difficile, parce qu'on n'en comprendrait pas le sens, sans exemple à quoi l'appliquer. Ensuite, j'ai enseigné aussi en maternelle, j'ai fait de ces "découpages" et autres conneries, et je suis de moins en moins sûr qu'on peut se passer de ces approches empiriques aux tout débuts...j'avoue que je n'y ai pas beaucoup réfléchi, mais il me semble qu'apprendre à des gosses de 4 ans ce qu'on apprend au lycée, puisque c'est possible, ça serait cependant en faire des singes savants, des machines...l'exemple donné au début de cette discussion sur la résolution d'équations du second degré ne me surprend pas : tant qu'il s'agit de mécanismes, on peut tout faire apprendre à des enfants. Mais parle-t-on de mathématiques?
En revanche, qu'on ne parle pas d'approche "ludique " des mathématiques. La diversion n'est jamais une bonne méthode d'apprentissage. Stella Baruk a dit cela avant moi.
Vous êtes jeune et vous aimez les maths? prenez donc du plaisir, travaillez beaucoup, cultivez-vous! mais n'oubliez pas que ce ne sont que des maths... :ptdr: