par Alpha » 16 Oct 2007, 02:22
Nous sommes de toute façon nettement et irrémédiablement dépassés par la question de l'origine de l'univers ou de son infinité :
supposer une origine à l'univers dans le temps nous semble aussi absurde que de supposer qu'il a toujours existé, puisque tous les événements dont nous avons connaissance par notre expérience sensible ont une origine dans le temps, ie une date à laquelle ils commencent, tout en étant précédés d'autres événements (dont certains sont à l'origine de l'événement dont nous faisons l'expérience : rien ne semble naître du néant) : ainsi, nous sommes incapables de concevoir une origine qui ne soit précédée de rien (ou précédée du néant), tout comme nous sommes incapables de concevoir l'absence d'origine (hypothèse selon laquelle l'univers a existé de tous temps).
Notons que le paradoxe est à merveille représenté dans le double sens du mot origine. D'un côté, l'origine siginifie le début (sens mathématique), c'est dans ce sens que j'ai utilisé ce mot quand il n'est pas en italique. Mais on dit aussi "être à l'origine de", et j'ai mis ce mot en italique quand origine était employé dans ce sens.
Ainsi, si on suppose l'existence d'une origine des temps, on peut se poser la question de l'origine de cette origine. D'où vient-elle? Qu'est-ce qui précède cette origine et qui (quelle) en est la cause? Dire que l'univers n'a pas existé de tout temps, a une origine temporelle, un début, un instant zéro, nous pousse à nous demander qu'est-ce qui a créé cet instant zéro, ce début, quelle est l'origine de l'univers. Ces deux questions sont indissociables pour nous. Accepter le principe d'un instant zéro pour l'univers revient à première vue à nier le principe de causalité. Comment quelque chose peut-il naître de rien? Car c'est bien là la question. Pour qu'il y ait un instant zéro, il faut qu'il n'y ait rien avant. Pas la moindre cause, pas la moindre existence de quoi que ce soit. Ca n'a aucun sens pour nous. Même si nous essayons de nous représenter le néant, nous nous représentons toujours quelque chose.
Quand je dis "pour qu'il y ait un instant zéro, il faut qu'il n'y ait rien avant", je m'exprime de façon incorrecte. En effet, je suppose l'existence d'un avant. Je contredis donc en fait la première partie de ma phrase (l'existence d'un instant zéro). Et par "rien", je me représente le vide, l'absence de matière, de mouvement, d'événement. Mais je devrais plutôt dire : "pour qu'il y ait un instant zéro, il faut que l'avant instant zéro n'existe pas." Or, en tant qu'être humain, je n'accepte pas qu'un instant ne soit précédé d'aucun instant. Mais si l'on admet que l' "avant" instant zéro n'existe pas, cela ne revient-il pas à dire que l'instant zéro existe "depuis l'éternité"? En effet, puisque le temps commence à l'instant zéro, qu'il est incongru de penser qu'il y a quelque chose avant, même si l'on pouvait se rapprocher de cet instant zéro, en "remontant" le temps, par le biais d'observations astronomiques par exemple, nous pourrions remonter indéfiniment, mais en nous rapprochant de plus en plus lentement de cet instant : si nous sommes passés de l'observation de ce qui se passait 200 000 ans après l'instant zéro à ce qui s'est passé 50 000 ans après, nous n'allons pas encore gagner 150 000 ans, ni même 50 000, puisqu'on ne peut oberver ce qui se passe à l'instant zéro, étant donné qu'il n'y a rien à l'instant zéro. En gros, si on trace une courbe de l'époque après l'instant zéro qu'on oberve en fonction du temps depuis lequel on observe, on obtient un truc du genre x-> 1/x, je veux dire par là qu'il y a une asymptote y=0 et qu'on reste au-dessus de 0.
Bref, ce que je veux dire dans le charabia qui précède, c'est que l'instant zéro étant un instant où l'univers n'existe pas, c'est un instant inaccessible (et même, ce n'est pas un instant au sens habituel), qui est en quelque sorte une valeur interdite, et que le temps étant infiniment divisible (on va du moins le supposer), une infinité d'actions a eu lieu entre l'instant 0 et tout autre instant. Or on ne peut atteindre l'instant 0, on vit dans ]0,+l'infini[ au niveau temporel. Si on pouvait accéder à l'instant 0, on aurait accès à un moment précédé d'aucune action, et ça nous semblerait insensé. Mais il faut justement se représenter le zéro comme n'étant pas atteint (ce qui est d'ailleurs le cas puisque c'est une "valeur interdite" d'après ce qui précède). Ceci permet, comme je l'ai dit, de caser une infinité d'actions, d'instants, de causes précédent toute action, tout instant, toute cause. De ce fait, il est impossible de trouver une cause première, et on peut remonter une chaîne des causes infinie, tout comme dans le cas où l'on avait supposé que l'univers n'avait pas d'origine au sens temporel et où l'on pouvait trouver une cause précédent tout évènement.
Dans tous les cas, donc, il apparaît impossible qu'il existe une cause première aux choses, que l'on suppose que l'univers ait une origine ou non (qu'il existe depuis l'éternité ou depuis une durée finie).
En espérant que ça ne ressemble pas trop à une logorrhée ni à du matcob, mais vu l'heure, on me pardonnera...(j'espère) J'aurais sans doute pu faire plus court ou plus clair, mais bon... Mon lit m'appelle!