Losange a écrit:Vous prétendez qu'il aurait fallu ces expériences supplémentaires pour conclure ?
Sauf que la méthode expérimentale dit le contraire : deux expériences en faisant varier un seul paramètre suffisent à conclure. Des expériences supplémentaires peuvent apporter de nouvelles informations, mais ne sont absolument pas indispensables.
Je constate souvent que dès qu'il s'agit des sciences sociales, d'aucuns nient les principes de la méthode expérimentale quand ils n'aiment pas les conclusions.
beagle a écrit:OK, vu le passage de Mathusalem en question:"
Ont-ils redonné le même test mathématique aux hommes et aux femmes, en disant aux femmes qu'elles devraient être égales aux hommes en performance, et en disant aux hommes qu'ils devraient être bien meilleurs ? Non. Du coup, le résultat de l'étude ne vaut rien, ou en tous cas ne permet pas de conclure comme ils le font."
ben oui , ils ont fait le test en disant que les tests antérieurs n'avaient pas montré de différences hommes-femmes, et là les femmes performent mieux(égalité avec les hommes).
[..]Mathusalem sera puni pour ce qu'il a dit, t'inquiète Losange.
Je me réfère à la partie Study 2 de l'article.
1. Ils prennent 30 femmes et 24 hommes du cours d'Introduction à la Psychologie, qui se sont auto-proclamés forts en mathématiques (questionnaire auquel ils ont du répondre avec une échelle de 1 à 11), et ont été sélectionnés en amont en considérant leur score de SAT (plus de 85%). De plus, ils ont du obtenir la note de B ou mieux a leur cours d'introduction au Calculus : B, ca veut dire mieux que 75%, mais aux States, l'échelle est telle que la répartition des notes est adaptée à une gaussienne.
Objection 1: Ils ont un échantillon de gens qui ont certainement une vague idée des mathématiques (c'est la Fac de psycho), qui ont suivi un cours de mathématiques générales (tous mis ensemble), et qui témoignent certainement d'une disparité dans leurs aptitudes mathématiques abyssale.
2. Page 11 : ...
But if this underperfomrance is due to an ability difference between men and women that is detectable only with difficult math items, women should underperform regardless of how relevant the stereotype is to their performance. In this way, this study provides a direct test of our theory (..que les femmes font moins bien à cause du stérétotype).
La méthode pour démontrer leur théorie : les étudiants prennent part à un test en deux parties, ou deux groupes (donc le petit échantillon est divisé en 2) sont formés, l'un pensant que la première partie montre une différence de genre alors que la seconde partie non, et le deuxième groupe le contraire.
Résultats : Les femmes font mieux - aussi bien que les gars - sur la partie où il est indiqué qu'il n'y pas de différence de genres
Je vous invite à admirer les barres d'erreur sur les scores
Passons sur la qualité des résultats : aucune analyse n'est faite sur le fait que les participants avaient 15 minutes, mais que dans la partie où ils disent qu'il y a une différence de genres, les femmes ne font que 10 minutes (609s) en moyenne pour le test, alors que les hommes 817s. Dans le cas contraire, où il n'y a pas de différences de genre, les femmes et les hommes passent le même temps : 650s
Conclusion : les femmes ne performent moins bien simplement à cause du stéréotype de genre.
Objection 2: On nous présente des résultats nuls à chier, qui magiquement passent un t-student test à 50 degrés de liberté (two-way ANOVA test), et en se basant sur ces résultats, on infère que les femmes performent tout aussi bien que les hommes en conditions normales. La qualité de leur échantillon est faible, et dieu sait la forme qu'avait leur test de math : est-ce qu'il testait plus la mémoire, ou les capacités de réflexion ? Fallait-il démontrer, ou calculer ?
Mon cher Losange, on ne se permet pas de conclure quelque chose de si fort avec un protocle si mauvais, et des résultats qui ne valent rien. Premièrement, ils n'analysent pas la différence
monumentale entre le temps que les hommes ont passé sur le test où a priori ils devaient être meilleurs. De plus, là où les résultats sont supposés égaux entre sexe, les hommes performent légèrement moins bien, mais ça, c'est poubelle, parce que 'it was found of no particular significance'.
Les femmes ont passé seulement les 2/3 du temps imparti pour résoudre le test où elles étaient supposément moins bonnes : elles ont clairement abandonné le test. Alors en quoi ce test là peut-il jauger la différence de performance homme femme ? Sur ce test, les hommes ont passé 90% du temps imparti. Il est clair que sur ce test, les hommes ont fait mieux, pas seulement parce que les femmes étaient victime de stéréotype, mais aussi parce que les hommes l'étaient. Sur le deuxième test, les hommes n'ont passé que 70% du temps imparti, tout comme les femmes. Les résultats étaient-ils meilleurs parce que les femmes ne se sentaient pas stéréotypées, ou est-ce que c'est parec que les gars se sont relâchés ?
Losange a écrit:Vous prétendez qu'il aurait fallu ces expériences supplémentaires pour conclure ?
Sauf que la méthode expérimentale dit le contraire : deux expériences en faisant varier un seul paramètre suffisent à conclure. Des expériences supplémentaires peuvent apporter de nouvelles informations, mais ne sont absolument pas indispensables.
Je constate souvent que dès qu'il s'agit des sciences sociales, d'aucuns nient les principes de la méthode expérimentale quand ils n'aiment pas les conclusions.
Je constate souvent que dès qu'il s'agit des sciences sociales, ces messieurs qui les pratiquent utilisent une sémantique mathématique (p-quantile, percentile, leur bien aimé t-student) mais n'ont pas grande idée de ce qu'ils font. Deux expériences faisant varier un seul paramètre suffisent à conclure, si l'on est en mesure de savoir ce qu'il est possible de conclure de l'expérience. Ici, le problème, c'est que c'est pas un paramètre qui varie entre deux expériences, c'est une flopée. Mais les trucs qui ne les intéresse pas parce que ça ne rentre pas dans leur hypothèse de départ, ils jettent.
Comment leurs résultats permettent-ils de différencier et valider les hypothèses suivantes :
1. Les femmes sont aussi fortes que les hommes en mathématiques, mais sont sujettes à stéréotype négatif
2. Les femmes sont moins fortes en mathématiques, mais lorsqu'on leur dit qu'elles doivent être au même niveau, elles se surpassent.
3. Les hommes sont aussi forts que les femmes en maths, cependant lorsqu'on leur dit qu'ils doivent mieux performer, leur esprit de compétition les pousse à se surpasser
4. Les hommes sont plus forts que les femmes en mathématiques, mais si on leur dit qu'ils doivent performer à hauteur égale, ils se relâchent et produisent les mêmes résultats.
Il aurait été intéressant de ne révéler le stéréotype seulement aux femmes, et non pas aux hommes. En faisant cela, tu biaises ton résultat et tu ne peux plus conclure sur le stéréotype affectant les femmmes, car les résultats sont influencés par le fait que les hommes sont au courant.
Je persiste et signe : ce n'est pas une étude sérieuse. Elle est dans l'air du temps, et comme tout ce qui est dans l'air du temps est sexy, ça passe les peer-review, c'est publiable, alors on publie. Mais les résultats parlent d'eux-mêmes : c'est du vent.