Rain' a écrit:Comme j'ai eu hier une conférence sur le réchauffement climatique, je vous fait part des quelques choses que j'ai retenu.
Peux-tu nous dire par qui?
Il existe actuellement 23 modèles de climat qui sont tous très lourds en temps de calculs et en espace. Avec ces modèles on paramétrise la Terre au mieux en grilles de climat 100km*100km ce qui rend les prédictions sur la modification du climat impossible aux niveaux locaux et régionaux mais plutôt au niveau d'un pays.
C'est exact. Mais les numériciens ont plus d'un tour dans leur sac! Pour les zones denses, par exemple les USA ou l'europe, on dispose de données sur des maillages plus fin (50 ou même 10 km). On peut donc faire des calculs sur un réseau maillé plus dense localement. On utilise les données des modèles globaux pour fixer les conditions aux limites de chaque cellule et l'on calcule sur un maillage plus serré dans les cellules pour lesquelles on dispose de données plus denses. Puis on réinjecte les résultats aux limites dans les modèles globaux.
Comme les calculs sont très lourds, il est très difficicile de changer les paramètres d'entrée sur un modèle, c'est pourquoi on compare les résultats en utilisant tous les modèles existants.
C'est de moins en moins vrai. On développe des codes (par exemple à l'IPSL) qui permettent une variation relativement aisée des principaux paramètres. Les moyens de calcul évoluent dans le bon sens. La plupart des calculateurs Téraflops peuvent être utilisés pour faire de la simu en climato (ils sont partagés avec la simu militaire - expérimentation nucléaire numérique - et les constructeurs automobiles!).
En france on rejette 6tonnes de CO2 dans l'atmosphère par an et par habitant. La planète ne peut en "digérer" que 1.5 tonne.
A titre de comparaison, la Chine c'est 1 tonne/an/hab, les Etats Unis, 20 tonnes et les Emirats Arabes Unis, 34 tonnes par an par habitant.
Sur le plan purement climatologique, la contribution par habitant n'a pas de sens. C'est la contribution nette absolue qui est significative. Et dans ce référentiel, depuis quelques jours, la Chine est devenue premier producteur mondial de C02...
Les Nations Unis ont récemment décrété que le réchauffement serait considéré comme dangereux au delà d'une augmentation de 2 degrés de la température moyenne terrestre d'ici à 2100.
Beaucoup d'experts ne sont pas d'accord pour fixer un chiffre arbitrairement. On se demande d'ailleurs pourquoi, si ce n'est pour des raisons de communication, l'ONU le fait. En effet, nous sommes en présence de systèmes non linéaires, dont on ne connait pas encore les seuils de basculement. Il est donc peu judicieux de lancer des chiffres comme ça, qqui pourraient induire un faux sentiment de sécurité...
Toujours à titre de comparaison :
Si on arrêtait aujourd'hui toutes les activités humaines, la température augmenterait de 0.6 degrés d'ici 2100.
Ce chiffre est basé sur l'évaluation du temps de résidence du CO2 dans l'atmosphère, qui est discuté. Il varie entre 15 ans et 150 ans... Beaucoup admettent la valeur de 100 ans, mais il s'agit plus d'une moyenne pour fixer les idées qu'autre chose... De toute manière, l'hypothèse étant irréaliste, on se fiche de ce genre d'évaluation (je parle bien sur des 0.6° - l'évaluation du temps de résidence étant elle très importante!).
Si on faisait dès aujourd'hui plafonner les émissions de CO2, on atteindrait 450 parties par million, soit +1.8 degrés d'ici 2100.
Si on poursuit comme on est parti aujourd'hui, on sera à +3.5 degrés d'ici 2100.
Même remarque.
Les études actuelles envisagent pour le siècle prochain une augmentation de 30 à 60 cm du niveau des eaux, ce qui n'aurait cependant pas de conséquences définitives sur la fonte totale du Groenland qui est une grande préoccupation actuelle.
Essentiellement due à la dilatation thermique des océans et pas la fonte des glaces terrestres (inlandsis et glaciers)
Au niveau géographique on prévoit les conséquences suivantes si une augmentation de +3.5 degré en moyenne survenait. Elle serait inégale partout : ainsi on aurait +3 degré à l'équateur ce qui ferait sérieusement chuter entre autres le rendement de céréales et + 8 degrés aux pôles.
On prévoit le déplacement des isothermes de 500 km tous les 10 ans. Ce qui rend l'adaptation impossible pour les plantes ou les espèces animales lentes. On observerait à l'inverse une arrivée massive d'oiseaux et d'insectes en Europe et on est actuellement incapable de prévoir les conséquences de ce type de phénomène. Le risque de canicule en France passerait à 1 tous les 2 ans. La production de bois serait en chute libre, le golf stream sérieusement ralenti et selon tous les modèles, le Pôle Nord aurait totalement fondu chaque été.
Plus important, les zones de précipitations seraient totalement bouleversées. Ainsi on prévoit pour le bassin méditérannéen et l'Afrique du Nord un baisse supérieure de 20% des précipitations pendant toute l'année alors que les précipitations seraient en hausse en Amérique du Nord et en Eurasie.
En france on constaterait 20% de plus de sécheresse en été, et 20% de plus de précipitations en hivers.
Les phases sans pluie seraient plus longue, tandis que les risques de tempêtes très ponctuelles très intense en très peu de temps vont augmenteraient en flèche. On prévoit des risques de crues éclair en France.
Ainsi ce serait essentiellement une augmentation des évenenements extrêmes. Sécheresses, canicules, inondations, très fortes précipitations...
Toutes ses prévisions sont largement discutées... Les effets seront sans doutes importants mais quant à les quantifier! Alors à part lancer des prophéties plus ou moins précises... En France, beaucoup de labos (IPSL, INRA, CNRS, X) travaillent sur ces projections et aucun ne publie encore des chiffres surs dans des revues scientifiques à comité de lecture:
Il faut néanmoins être conscient qu'on possède des incertitudes énormes sur le long terme et que certains systèmes finissent par réagir très différemment aux différents modèles.
On s'aperçoit aussi qu'en appliquant les modèles aux variations passés qu'on connait, ils ont tendance à sous estimer les effets du réchauffement qu'on aperçoit actuellement. La tendance est donc à sous estimer l'amplitude des effets du réchauffement climatiques.
Une question importante, on est actuellement incapable de savoir s'il existe un point de non retour de la fonte des glaces. Les glaciers fondent de plus en plus en été avant de se reformer en hiver, on ne sait pas s'il existe un point de fonte qui, s'il est atteint ne permet plus la reformation des glaces l'hiver.
Oui c'est ce qu'il faudrait dire en premier, histoire de relativiser tout ce qui vient d'être dit!
Enfin quelques prévisions :
2080 : Maximum des émissions de CO2 dans l'atmosphère.
2200 : Maximum des concentrations de CO2 dans l'atmosphère.
2500 : Acidité maximale de l'eau des océans, début d'une baisse lente de la température.
3000 : Montée maximale des eaux.
100 000 : Retour aux concentrations naturelles de CO2.
Les scientifiques se demandent même la Terre ne risque pas de rater sa prochaine glaciation avant de pouvoir revenir à la normale (Une période de glaciation c'est environ 120 000 à 140 000 ans).
Oui... C'est de la communication de science fiction pour le public! On est absolument incapable de prévoir l'évolution des systèmes à un tel horizon! Cela relève de la boule de cristal!