Nerra a écrit:Personnellement je n'en connais pas de matheux qui refusent la récurrence. J'en ai juste entendu parler mais je n'ai pas validé ou réfuté l'information :marteau: .
Je pense que ceux dont je parle sont les constructivistes, en lien avec le constructivisme mathématique. Wikipédia raconte déjà pas mal de choses (j'ai juste survolé l'article).
D'après ce que j'en ai lu, c'est une minorité (une secte de matheux on pourrait dire ^^).
C'est un peu négatif de dire secte, mais c'est une infime minorité, je suis d'accord.
Et pour remettre un peu les pendules à l'heure, les constructivistes acceptent la récurrence.
Certes, ils n'acceptent pas le tiers exclu dans sa globalité (il est accepté uniquement dans les cas où il est démontré). Et pour le raisonnement par l'absurde et la contraposée, ça commence à devenir plus subtile : un raisonnement par l'absurde démontrant une
assertion négative (genre
n'est pas rationnel) est accepté (on suppose
et on démontre une contradiction). Un raisonnement par l'absurde qui voudrait prouver une
assertion positive est a priori refusé (genre "montrons que X existe en supposant que X n'existe pas").
Idem pour la contraposée : en toute généralité pour un constructiviste, [P => Q] implique [non(Q) => non(P)] , mais la réciproque est fausse. Attention encore, il y a une notion d'assertions positives et négatives, on ne peut pas en général remplacer Q par non(R) (c'est justement le principe du tiers exclu qui le permet aux matheux classiques).
Il y a aussi l'axiome du choix (dans sa version la plus forte) qui est refusé.
Nerra a écrit:Je suis d'accord avec toi, il faut entraîner l'attitude à avoir face à une recherche à faire, un problème à résoudre, un exercice dont la solution n'est pas immédiatement visible.
Mais démontrer quelque chose en tant que tel est encore différent il me semble. Il faut une attitude bien particulière que peu de jeunes ont. Comme tu l'as dit, c'est probablement notre société de "l'immédiat", du "prêt-à-porter", du "je le veux-je l'ai" qui favorise ce retard dans le développement de l'attitude adéquate.
Je ne dénonçais pas les profs ni les enfants. On est ce qu'on est : humains. Et si notre développement biologique se passe ainsi, on n'y peut rien. On atteint une maturité cognitive aux alentours de 20 ans (selon les individus bien sûr). Rien d'étonnant qu'alors, même en mettant notre société de consommation en cause, les jeunes soient démunis face à des raisonnements plus longs, plus difficiles.
Après, c'est la décrépitude qui commence vers 30 ans (voire avant) si on n'entretient pas notre capacité à raisonner rapidement et efficacement.
Tout ça n'est pas simple en effet.