@ffpower : je suis 100% d'accord avec toi sur le fait que l'objectif prioritaire de l'enseignement des maths devrait être d'apprendre à raisonner pour eviter de se faire "entuber" par toutes les conneries que l'on peut voir un peu partout. Je sais que, en ce qui me concerne, en plus des exemples que tu donne, je suis abasourdi par la façon dont à peu prés tout les discours politiques dans les grands médias deviennent de plus en plus "sans queue ni tête" : les politiques prommettent... tout... et, au vu des résultats électoraux, j'ai réellement l'impression que le coté cohérent des promesses faites, c'est franchement pas important...
Je suis aussi d'accord avec toi concernant le fait que, "apprendre à réfléchir", ça peut se faire avec des tas de supports différents (problèmes "concrets" dont tu parle...), mais je ne suis pas totalement d'accord concernant la géométrie : pour moi, c'est un des deux domaines des maths "élémentaires" (avec l'arithmétique) qui demande le plus de "réflexion" : je pense que, vu les programmes actuels du collège, c'est une des rares parties des maths enseignées ou il ne suffit pas tout à fait d'apprendre par coeur deux ou trois formules pour s'en sortir.
Je pense aussi que, concernant le fait "d'apprendre à réfléchir" il y a un problème profond concernant l'enseignement (et pas seulement les programmes) : J'ai trés souvent l'impression que les élèves qui rentrent dans une salle de classe laissent systèmatiquement le "bon sens" qu'ils ont forcément... dans le couloir. Tu trouve extrèmement souvent des "perles" du type "... donc la longueur du terrain de football est de 0.35412 milimètres" dans des copies, et je reste persuadé que l'élève qui écrit ça, en dehors du contexte scolaire, serait incapable de dire une telle connerie.
En temps que prof, j'ai trés souvent constaté que, quelque soit la façon dont tu fait ton cours, la grande majorité des élèves va chercher dedans les "formules magiques" à apprendre par coeur sans réfléchir pour arriver à faire les exercices...
Etant dans le supérieur, il m'est évidement trés façile (et trés déculpabilisant) de dire que c'est les instits et les profs de colège et de lycée qui ont mal fait leur boulot, mais je pense que c'est en grande partie faux : si tu pose la question suivante à un petit gamin : "Toto a 2 bonbons dans la poche gauche et 3 dans la poche droite. Quel est l'age de toto ?", tu constate que le nombre de réponse "2+3=5" ou "2x3=6" est nettement plus important pour des gamins déjà scolarisés et qu'il augmente aussi nettement si la question est posée dans un cadre "scolaire". Je ne sais pas trop ce que l'on peut faire contre ça...
@Nightmare : Quand tu écrit :
Nightmare a écrit:Le problème est qu'aujourd'hui, les élèves du secondaire qui sont en S ne sont plus vus comme des futurs matheux ou physiciens...
je peut te rassurer : de toute façon, ça n'a jamais été le cas.
A mon époque en sciences, il y avait un bac "B" (plutôt économie) , un bac "C" (plutôt math-physique) et un bac "D" (plutôt biolo). Bien évidement, pour faire une prépa H.E.C., il valait nettement mieux... un bac "C" (???), pour faire médecine... idem, en fait, pour faire n'importe quoi, il valait mieux un bac "C".
Beaucoup des réformes qui ont été présentées par la suite avaient en partie vocation à "casser" l'élitisme du bac "C", mais à mon avis, le problème profond et que la mentalité française (et celle de beaucoup d'autres pays) VEUT cet élitisme : il faut absolument pouvoir dire que tel bac (ou telle option) et "mieux" que tel autre : l'ensemble de notre (occidentaux) système de valeurs est axé sur la notion de compétition/concurence, je ne vois absolument pas comment le système scolaire échaperait à la règle.
Je signalerais de plus que cette "règle" est flagrante dans le post-bac en ce qui concerne les classes prépa ou les facs ou les écoles de commerce ou... : je pense que si tu cherche les sites parlant par exemple des classes prépas, 99% d'entre eux considèrerons qu'il y a une relation d'ordre TOTALE sur les différents lycés proposant des prépas et moins de 1% accepterons de considérer qu'il y a peut-être des prépas "non comparables" du fait de visées différentes.
Pour les facs, c'était peut être un peu moins "flagrant", mais il est clair que "l'autonomie des universités" et les "pôles d'excellences" vont tout à fait dans ce sens...
En résumé, je pense que dans une sociètée telle que la notre, tu pourra réformer tant que tu veux (ou modifier les programmes), il y aura toujours "la voie royale" que tu DOIT impérativement suivre (si tu en est capable) et ceci quels que soit tes ambitions professionelles.
Evidement, tu te doite, vu le ton de mon message, que je déplore cet état de fait, mais je suis persuadé qu'a l'heure actuelle, il n'y a rien à y faire, même avec toute la bonne volonté du monde...