Leon1789 a écrit:Dans le cas d'une base infinie, chaque élément de l'espace vectoriel possède une infinité de coordonnées (associée à chaque élément de la base infinie), toutes ses coordonnées sont nulles sauf un nombre fini.
OK, du coup il n'y a pas d'infini. La base infinie, c'est comme les nombres entiers : on en choisira seulement un nombre fini de toute façon.
Skullkid a écrit:Ces histoires de potentialité et tout, c'est du blabla qui se prend pour de l'épistémologie.
J'essaie juste de comprendre, mais rien de plus. Parler de potentialité est un mot de vocabulaire qui m'aide à mieux comprendre. Par exemple il existe une infinité de nombres entiers, mais jamais on ne les utilise dans leur totalité, c'est juste qu'on peut en prendre autant qu'on veut. Donc la totalité des entiers ne sert qu'en tant que potentialité. Autrefois je ne faisais pas la distinction.
Autre exemple : les limites. En fait, les limites sont des potentialités (et je trouve utile d'utiliser ce mot) dans le sens qu'on ne les utilise jamais puisque ce sont les suites qui convergent qu'on utilise. On donne un nom en décrétant « on appelle limite ce truc là » mais c'est juste du vocabulaire pratique. Pi existe - c'est une classe d'équivalence de suites de Cauchy rationnelles - mais la limite de ces suites n'existe pas (*) : elles ne sont pas rationnelles, et ce ne sont pas elles qu'on appelle des réels. Ainsi jamais personne ne connaîtra toutes les décimales de Pi, donc elles n'existent pas (en totalité). Par contre il est possible de connaître les N premières, quel que soit N (je parle de possibilité mathématique, en pratique j'imagine qu'il y aura des difficultés).
(*) En fait si, la limite existe, mais uniquement parce qu'on décidé d'appeler limite le réel définie par la classe d'équivalence. On aurait très bien pu refuser d'appeler ça une limite, ça n'aurait rien changé, juste alourdi les écritures.
Cela dit, ça n'empêche pas de pouvoir donner un sens précis à "combinaison linéaire infinie" dans certains contextes (par exemple les espaces vectoriels topologiques ou les séries formelles).
Mais c'est juste une façon de parler (comme lorsqu'on dit qu'il y a une infinité d'entiers - ce qui signifie qu'on peut en choisir autant qu'on veut) ou bien il y a vraiment un usage de l'infini ?
Pour ce qui est de la physique, si, on y trouve des quantités infinies.
Je ne suis pas physicien, mais on m'avait dit le contraire, et que justement, lorsque le modèle mathématique donnait des infinis, c'était un problème.
Ça veut dire quoi "manipuler quelque chose d'infini" ?
Par exemple ça voudrait dire que lorsqu'on écrit , on considère vraiment qu'on additionne une infinité de nombres. Alors qu'en réalité on calcule une limite, ce qui ne fait intervenir que des quantités finies.
Autre exemple : ça voudrait dire qu'on considère qu'il existe réellement une infinité de décimales dans Pi, alors que mon cerveau rejette cette idée : on peut en connaître autant qu'on veut, mais en quantité finie.
mais que se passe-t-il s'il te prend l'envie folle de compter tes points ?
Compter les points n'a de sens que s'il y en a un nombre fini.
mais pourquoi tu ne te poses pas les mêmes questions sur les rationnels ?
Ce matin j'étais dans cet état d'esprit : mince, je ne comprends pas les rationnels. Puis ça m'est passé. Mais je sais qu'il faudra que je les regarde de plus près en effet. Par contre, les entiers naturels, je crois que je les admets comme axiome.
Personnellement j'ai jamais vu de nombre rationnel "dans mon environnement" (ni de nombre entier, d'ailleurs).
Les nombres entiers, on les voit quand on compte des objets. Mais pas les rationnels, c'est vrai. D'ailleurs il y a une différence essentielle entre compter en entiers et compter en réels et même la langue la fait : on achète des pommes, mais du lait. Probablement pour ça que j'accepte sans mal les entiers, mais pas le reste. Je me demande d'ailleurs si les rationnels n'auraient pas un statut intermédiaire (a priori du lait devrait concerner les rationnels, mais on consomme des demis...)
L.A. a écrit:ici vu qu'on n'atteint jamais l'infini, il apparaît donc effectivement comme une simple "potentialité" et pas comme un objet à part entière.
Voilà, c'est ça ! Et dans toutes les maths que j'ai faites, ce sont ces infinis qu'on utilisait, donc j'ai fini par me rendre compte qu'en fait on n'avait pas besoin de l'infini, que c'est juste une façon de parler qui cache la réalité des epsilon.
- Et puis une manière "par le haut", celle que je trouve beaucoup plus intéressante, qui consiste à prendre un peu de recul pour imaginer d'abord quelle tête on peut donner à cette "potentialité" [...]
Ah, c'est nouveau pour moi ! Donc :
- dans les domaines des maths que je connais (en gros les maths basiques qu'on enseigne aux étudiants) j'ai l'impression qu'on parle beaucoup d'infinis (« tendre vers l'infini », les séries, etc.) alors qu'il n'y a pas d'infini ;
- mais il existe certains domaines où on a donné un sens précis à l'infini (attention, pour moi l'infini dénombrable n'est qu'une façon de parler puisqu'on peut prouver qu'il y a une bijection entre les entiers et les rationnels sans utiliser l'infini directement, donc il doit s'agit de choses bien différentes...)
D'ailleurs, en mathématiques, est-ce qu'on "invente" de nouveaux outils ou est-ce qu'on ne fait que "découvrir" ces outils qui sont déjà là quelque part, attendant qu'on les trouve ? (ou plus exactement qu'on trouve la bonne façon pour en parler ?) Celui qui pense par le haut le pense, je pense, mais ça c'est un autre débat...
Ah c'est intéressant ! Donc on inventerait l'infini en tant qu'objet... et donc on ne fait pas que "découvrir" les maths. Je sais qu'on appelle platonicien ceux qui pensent qu'il existe un monde mathématique à découvrir. Tu sembles dire qu'il faut dépasser ce stade pour inventer d'autres choses... Je crois que je suis platonicien à moitié (j'ai tendance à croire que si des extra-terrestres font des maths, il y aura beaucoup de points communs, pourtant on ne s'est jamais parlés), mais pas complètement (pour moi l'infini des entiers n'existe pas dans le sens platonicien), du coup je me rends compte que je suis platonicien tant qu'il n'y a pas d'infinis en jeu... Mais en même temps je n'ai pas envie de les inventer...