par maurice » 14 Oct 2006, 13:47
Il vut mieux revenir aux idées de Gibbs, le découvreur de l'enthalpie libre.
Gibbs était un physicien qui voulait appliquer les méthodes de la physique à la chimie.
Examinons la chute des corps à la manière de Gibbs. Si on considère un corps qui tombe, on constate qu'au départ de la chute, il est en position haute. Au fur et à mesure qu'il tombe, il gagne en vitesse (donc en énergie cinétique). Quant il s'écrase au sol, il perd son énergie cinétique qui se convertit en chaleur. Le point d'impact s'échauffe quelque peu lors du choc. Et comme l'énergie se conserve, il faut bien admettre que le corps élevé possède une énergie potentielle, qu'il la perd en tombant, et qu'elle se transforme en énergie cinétique puis en chaleur. Cette énergie potentielle s'appelle énergie potentielle gravifique.
Selon l'expérience, on constate que, spontanément, un corps ne peut que perdre de l'énergie potentielle, et la transformer en chaleur. On n'observe jamais qu'un corps bas s'élève tout seul, spontanément, en se refroidissant. Il faut une aide extérieure. Je souligne volontairement, pour plus tard. Ce point est essentiel.
Les chimistes ont cherché à appliquer les mêmes considérations aux réactions chimiques. On peut imaginer qu'un mélange de corps qui va réagir (exemple CH4 + 2 O2) possède plus d'énergie potentielle qu'après la réaction (mélange de CO2 et 2 H2O). Cette énergie est l'enthalpie. Mais l'enthalpie n'est pas un critère de spontanéité. Ce n'est pas parce qu'un mélange de corps réactifs possède plus d'enthalpie que les produits, que la réaction se produira spontanément.
La preuve, c'est qu'il existe des réactions endothermiques qui se produisent toutes seules spontanément. Ex. NaHCO3 + HCl --> NaCl + H2O + CO2. L'enthalpie s'élève spontanément quand on passe de NaHCO3 + HCl à NaCl + H2O + CO2, puisque le système se refroidit, et absorbe donc de la chaleur.
C'est là que Gibbs intervient. Il s'est dit : Mais bon Dieu de bonsoir. Il doit exister en chimie une énergie potentielle qui soit telle qu'elle diminue toujours quand on effectue une réaction chimique (exothermique ou endothermique). Mais cette énergie n'a pas un rapport direct avec la chaleur. Gibbs s'est dit : Quelle peut donc être l'énergie qu'un corps cède toujours quand la réaction s'effectue spontanément ?
Le coup de génie de Gibbs, ce fut de dire que cette énergie est l'énergie dégagée sous forme électrique. Quand une pile fonctionne, elle cède de l'énergie au monde extérieur, elle s'apauvrit en énergie, et par définition elle ne peut pas en capter. Elle cède de l'énergie électrique, même si la pile s'échauffe ou se refroidit.
L'énergie potentielle que possède les réactifs (par rapport aux produits) et qui peut se libérer sous forme électrique dans les piles, eh bien c'est ce que Gibbs a appelé l'enthalpie libre. C'est un coup de génie : les corps possèdent de l'enthalpie H, mais ils possèdent aussi une autre énergie potentielle, l'enthalpie libre G. La différence d'enthalpie détermine la chaleur dégagée par la réaction. La différence d'enthalpie libre détermine l'énergie qui peut être exportée sous forme électrique (pour autant, bien sûr, qu'on puisse effectuer cette réaction dans une pile).
Tu as compris ?