anthony_unac a écrit: Une question me vient à l'esprit au regard de tout ceci : la masse populaire a t elle nécessairement besoin de béquilles sous forme de convictions (politiques et/ou religieuse ou autre) pour avancer ?
Voilà une opinion à l'emporte-pièce, qui part du principe que la "masse populaire" est uniformisée, chaque individu étant en quelque sorte standardisé. C'est loin de la vérité, et la télévision en fournit un bon exemple : certains prennent plaisir à passer une soirée devant quelque télé-réalité stupide, sur l'une des nombreuses chaines poubelle, tandis que d'autres n'allument leur téléviseur que pour regarder un opéra sur Arte. Ces deux catégories de personnes n'ont pas les mêmes besoins ni les mêmes aspirations, et leur QI respectif n'est probablement pas le même.
Ce qui représente un standard n'est pas l'intelligence mais le niveau de conscience des habitants de la Terre, au sein duquel on observe des variations considérables dans les capacités intellectuelles de chacun, allant du crétinisme abyssal au plus pur génie. Il semble que les aspirations religieuses soient en corrélation avec l'intelligence : plus elle est présente chez un individu et plus celui-ci percevra - ou aura l'intuition de - une dimension n'appartenant pas à l'univers matériel, qui pourra éventuellement le conduire à rejeter les systèmes de croyances établis afin d'explorer d'autres voies. A l'opposé, les individus d'intelligence moindre n'ont aucune aspiration religieuse, ou tout au moins se satisfera-t-elle d'un passage à l’église le dimanche matin, considérant que Dieu n'est présent que dans ses murs et qu'en dehors d'eux on peut l'oublier. Ils iront à l'église par pure convention et habitude, et sans doute avec l'espoir de se faire pardonner ce que la tradition dont ils se réclament considère comme leurs péchés de la semaine écoulée, ce qu'on appelle "se mettre en règle avec Dieu". Ils ont sur Dieu l'opinion standard héritée de leur culture, rien de plus. Ils n'ont jamais réfléchi à la question de la nature de Dieu et ne cherchent pas plus loin.
Par conséquent, lorsqu'on parle des croyances religieuses il serait bon de préciser qu'elles sont le fait d'individus peu intéressés, voire pas intéressés du tout, par la spiritualité dans son sens le plus large. Si on ajoute à ça le fait que leur Dieu est confiné entre les murs de l'église, on comprend mieux pourquoi le domaine religieux fait figure d'ovni dans les sociétés développées. Ceci n'empêche qu'on commet une erreur lorsqu'on tente d'uniformiser l'aspiration religieuse en la réduisant à cette attitude cynique de pseudo-croyance en Dieu. Des hommes et des femmes sincèrement préoccupés par leur développement spirituel existent au sein de la "masse populaire", et eux seuls sont capables de se débarrasser de leurs béquilles.
anthony_unac a écrit: Cette question peut paraître naïve mais quand je vois le peu de gens capables d'avancer par eux mêmes, je me dis que la masse à réellement besoin de modèles et/ou convictions populaires.
Beaucoup plus de gens que tu ne le crois aspirent à échapper aux modèles imposés, avec plus ou moins de succès il est vrai. Il faut un certain courage pour répondre à celui qui te demande si tu crois en Dieu : "Non, je ne crois pas en
ton Dieu", sachant qu'il en a une image bien précise héritée de ses parents. Ceux qui se prétendent remplis d'amour et de charité chrétienne seront les premiers à te rejeter. Et la même chose arrive dans d'autres domaines où la normalité et la bien-pensance sont requises, ce qui fait qu'on en arrive à ne plus oser forger sa propre opinion mais à adopter celle du milieu dans lequel on évolue, sauf peut-être dans l'anonymat de l'isoloir, des forums et des réseaux sociaux, encore que ceux qui affichent une opinion bien tranchée y sont trop souvent associés à des trolls.
Le besoin de ressembler aux autres répond à deux nécessités : celle de s'intégrer au milieu, et celle de partager une opinion qu'autrement on craindrait d'être erronée. A quoi il faut bien sûr ajouter la peur du ridicule (ce qu'on a pu constater dans le sujet "Où l'on parle des extra-terrestres"). Dans ces conditions il est un peu risqué de juger avec autant de désinvolture le comportement de la "masse populaire", en laissant totalement de côté le fait qu'elle est composée d'individus d'une très grande diversité d'aspirations, mais contraints, parce que tous ne sont pas des Bernie Sanders, de faire un choix entre les modèles "autorisés" qui leur sont proposés.
La quasi nécessité de s'en tenir à ce qui est considéré comme acceptable, à ce qui est proposé, constitue donc une sérieuse entrave à la possibilité d'avancer par soi-même, comme tu le dis. D'ailleurs, "avancer par soi-même" ne veut rien dire, si on y réfléchit bien ; seul un nouveau-né qui grandirait totalement isolé du reste de l'humanité pourrait prétendre avancer par lui-même.